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RDC : la police arrête des jeunes femmes à Kinshasa

Les habitants de Kinshasa les ont surnommées les "UJANA".  Ce sont des mineures prostituées. Depuis une semaine, les autorités congolaises ont décidé de s'attaquer au phénomène avec arrestations et procès en place publique... Une lutte contre la prostitution qui déclenche beaucoup de critiques...

On appelle cela une audience foraine : un tribunal hors les murs en plein carrefour très fréquenté de Kinshasa. Les accusées sont des jeunes femmes, exténuées après leurs jours de détention, fatiguées d'être assises sans confort.

Leurs avocats se battent pour elles, pour leur éviter une condamnation pour outrage aux bonnes moeurs... Leurs proches ont du mal à comprendre.

"Ma fille est allée à une fête", raconte Élisa Ngani, meurtrie."Puis j'ai appris qu'on a arrêté ma fille. Qu'on laisse ma fille! Elle est venue pour une fête. Elle n'est pas venue pour se prostituer, elle est venue pour une fête d'anniversaire! Et ils ont arrêté ma fille".

Sa fille et beaucoup d'autres sont accusées de ne pas porter de sous vêtements, d'être des "Ujana" comme on les appelle... L'opération de police a ratissé les bars de la ville, 166 personnes ont été arrêtés.  Mais ce n'est pas une atteinte à la liberté, pour les autorités... "Dans ces bars, on a trouvé, notamment à Lemba si je ne me trompe, de très jeunes filles...", précise Thérèse Olenga Kalonda,  la ministre provinciale de l'Éducation et du Genre.

Pourtant beaucoup de filles ressentent cette opération comme un excès d'autorité, comme une insulte à la nuit kinoise.  Et aux femmes. "Moi de ma vie je n'ai jamais porté de soutien, et je ne suis pas une fille pute", dit Alice (son prénom a été changée), excédée. "Il y a des fois je sors, je peux aller en boîte, pour me relaxer, pour danser, pour boire, pour me défouler. Ce n'est pas dire que je pars en boîte pour aller faire la pute".

Mais les bruits de bottes ont fait fuir celles et ceux qui aiment juste s'amuser.

"J'étais accompagnée avec des garçons", se souvient son amie, anonyme elle aussi. "On prenait seulement de l'alcool. On dansait. J'ai vu des policiers. Directement, j'ai fui, j'ai pris la moto, je suis rentrée directement à la maison, j'ai laissé même mon téléphone, même mon sac."

Le tribunal public n'a pas encore rendu son verdict. Pourtant des noms et prénoms ont été jetés en pâture,par les hauts parleurs de rue, au cour de ce procès étonnant...