RDC : l'arrestation de M. Roger Lumbala à Paris est "un pas important" contre l'impunité, selon Denis Mukwege

Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, a salué mardi 5 janvier l'arrestation, la veille en France, de Roger Lumbala, un ex-chef rebelle congolais, pour "complicités de crimes contre l'humanité" commis en 2002 en République démocratique du Congo.

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Denis Mukwege, le prix Nobel de la paix 2018, arrive à l'Elysée à Paris, en France, le lundi 29 octobre 2018.
© Michel Euler / AP
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"L'arrestation et la mise en examen de M. Roger Lumbala à Paris est un pas important pour la justice internationale et la lutte contre l'impunité dont de nombreux auteurs présumés congolais et étrangers continuent de bénéficier", a écrit dans un communiqué le gynécologue congolais.

Roger Lumbala a été arrêté samedi 2 janvier en France dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en décembre 2016 par le pôle Crimes contre l'humanité du parquet de Paris.

Âgé de 62 ans, M. Lumbala, ancien député d'opposition, dirigeait à l'époque le Rassemblement congolais pour la démocratie nationale (RCD-N). Ce groupe armé, fondé en 1998, a été accusé dans plusieurs rapports des Nations unies de viols, d'exécutions sommaires, d'enlèvements, de mutilations et de cannibalisme dans l'Ituri (Nord-Est), principalement contre les ethnies Nande et Twa (Pygmées).

Ex-ministre dans le gouvernement de transition de la RDC en 2004-2005, M. Lumbala avait réfuté ces accusations dès un premier rapport de l'ONU en 2003.
En vertu d'une "compétence universelle" pour les crimes les plus graves, la justice française a la possibilité de poursuivre et de condamner les auteurs et les complices de ces crimes lorsqu'ils se trouvent sur le territoire français.

L'impunité constitue l'une des causes principales de la perpétuation des massacres sur le territoire congolais.Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix en 2018

"L'impunité constitue l'une des causes principales de la perpétuation des massacres sur le territoire congolais", a estimé le prix Nobel congolais. Il a appelé d'autres États européens à diligenter des procédures similaires sur la base de la compétence universelle "pour des faits documentés dans le rapport mapping" de l'ONU.

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Ce rapport choc, rendu public en 2010, documentait plus de 600 violations des droits de l'homme (viols systématiques, tueries...), surtout pendant les deux guerres du Congo (1996-98 et 1998-2003). Plus grand pays d'Afrique subsaharienne (2,3 millions de km2), la RDC a frôlé l'éclatement au cours de ces deux guerres, impliquant de nombreuses milices et les armées de plusieurs pays de la région.


Pour les dix ans de ce rapport, en octobre, le  Dr Denis Mukwege, surnommé "l'Homme qui répare les femmes", avait dénoncé "l'impunité" et l'absence de prise en compte des recommandations qu'il contenait.

Le pays est toujours en proie à des violences dans sa partie est, surtout dans les régions du Kivu et de l'Ituri. Dans la nuit de lundi à mardi, au moins 21 civils ont été tués dans une attaque des combattants du groupe armé des Forces démocratiques alliées, d'anciens rebelles musulmans ougandais ayant fait souche en RDC.

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