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RDC : "Le pays ne peut pas se permettre une crise institutionnelle grave", selon l'ONU

La République démocratique du Congo s'enfonce dans la crise politique.  Ce mardi 8 décembre, la police congolaise s'est déployée à l'intérieur du siège du Parlement après de nouvelles scènes de violences. Au moins une personne a été blessée dans ces affrontements entre les partisans du président Félix Tshisekedi et ceux de la majorité parlementaire fidèle à son prédécesseur Joseph Kabila. La situation inquiète la communauté internationale. "Le pays ne peut pas se permettre une crise institutionnelle grave", a prévenu l'émissaire de l'ONU pour la RDC, Leïla Zerrougui.

A Kinshasa, des députés ont saccagé lundi 7 décembre le mobilier, chaises et pupitres, à la tribune de la salle des séances dans l'Assemblée, où le bureau avait convoqué une séance plénière sur la gestion des entreprises publiques d'eau et d'électricité.

Mais l'heure n'est plus aux affaires courantes en RDC, plus grand pays d'Afrique subsaharienne déjà paralysé par des conflits sans fin et très meurtriers pour les civils dans sa partie Est (Kivu, Ituri), aux richesses minérales très convoitées, et à la corruption systémique.

Félix Tshisekedi a annoncé dimanche 6 décembre la fin de la coalition au pouvoir qu'il formait depuis janvier 2019 avec la majorité parlementaire de son prédécesseur Joseph Kabila.

Le président congolais a aussi annoncé qu'il souhaitait trouver une nouvelle majorité, faute de quoi il se réservait la possibilité de dissoudre l'Assemblée. Il  a reçu à sa demande le Premier ministre pro-Kabila, Sylvestre Ilunga, selon les services du chef du gouvernement.

L'échange a porté sur "la démission du Premier ministre", a déclaré un conseiller du président à l'Agence France-Presse (AFP), ajoutant : "Comment va-t-il travailler sans avoir la confiance du chef de l'Etat ?".

"Après une audience de près d'une heure avec le chef de l'Etat, le premier ministre Ilunga préside en ce moment une réunion du comité multisectoriel de lutte contre la pandémie à Covid-19", ont indiqué les services du premier ministre sur Twitter.

Accord secret de coalition

"Violation flagrante et intentionnelle de la Constitution", "coup d'Etat constitutionnel", "régime dictatorial au service d'un pouvoir personnel" : la majorité parlementaire du Front commun pour le Congo (FCC) a condamné les décisions jugées "unilatérales" annoncées dimanche 6 décembre par le président.

Le FCC va demander à son "autorité morale", Joseph Kabila, de "donner sa part de vérité" sur la crise au sommet de l'Etat.

Ainsi, le temps des espoirs et de l'euphorie du 24 janvier 2019 semble loin, quand le président Kabila remettait les insignes du pouvoir à Félix Tshisekedi, après dix-huit ans à la tête de l'Etat.

Soulagés, les Congolais et leurs "partenaires" saluaient la première transition pacifique dans l'histoire agitée du Congo.

Au préalable, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila avaient signé un accord secret de coalition, en lien avec le résultat officiel des élections organisés le 30 décembre 2018, avec deux ans de retard.

A re(voir) : retour sur deux ans de dégradation des rapports entre le FCC et le Cach, entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila

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Félix Tshisekedi avait remporté la présidentielle et Joseph Kabila gardait le contrôle du Parlement, selon ces résultats proclamés avant même la fin du dépouillement des bulletins de vote aux législatives dans certains endroits comme à Goma, dans l'est du pays. Des résultats contestés par une partie de l'opposition, et même remis en cause pendant quelques jours par l'Union africaine (UA) et la France.

A re(voir) : portrait de Félix Tshisekedi
 

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Cette coalition a volé en éclats après des mois de crise et de tensions, et les "consultations" menées par le chef de l'Etat en novembre.

Vent debout contre Félix Tshisekedi, le FCC pro-Kabila a rappelé lundi 7 décembre qu'il avait "une majorité absolue issue des élections de 338 députés sur 500".

En face, la plate-forme Cap pour le changement (Cach) de Félix Tshisekedi a lancé il y a plusieurs jours une pétition pour la démission du bureau de l'Assemblée nationale et de sa présidente, la très pro-Kabila Jeanine Mabunda.

Selon des témoignages recueillis par l'AFP, ce sont des députés du parti de Félix Tshisekedi qui ont fait le coup de force dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.

"La séance plénière de ce lundi 7 décembre est reportée à une date ultérieure", a indiqué le bureau de l'Assemblée, en dénonçant "la destruction" du mobilier ainsi "la présence de gardes du corps armés non contrôlés par les services de l'Assemblée nationale".

Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit se prononcer d'ici le 20 décembre 2020 sur l'avenir de sa Mission au Congo (Monusco), présente depuis plus de vingt ans.