Depuis plus de quarante ans, le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe Tamfum cherche un traitement contre Ebola dont il avait découvert le virus dans une région reculée du Zaïre. Ce 16 septembre c'est fait : "Ebanga" va bientôt être mis sur le marché après avoir été approuvé par l'Agence américaine des médicaments (FDA).
"Je suis le plus heureux des Congolais", a déclaré le virologue de soixante dix-huit ans.
"Pendant quarante ans j'ai été témoin et acteur de la lutte contre cette maladie terrifiante et meurtrière et je peux dire aujourd'hui: elle est vaincue, elle est évitable et guérissable".
Une cérémonie était organisée à l'Institut national de recherche biomédicale (INRB), dont il est le directeur général, pour saluer l'arrivée sur le marché du traitement
"Ebanga", anticorps monoclonal approuvé en décembre dernier par l'Agence américaine des médicaments (FDA).
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D'autres traitements ont montré une certaine efficacité contre la fièvre hémorragique, de même que des vaccins qui s'avèrent très protecteurs. Mais Ebanga, c'est
"la molécule congolaise", a souligné la biologiste américaine Nancy Sullivan, qui a mené aux Etats-Unis des travaux de laboratoire en collaboration avec le Pr Muyembe et son équipe.
Une longue histoire
L'histoire a commencé en 1976, quand M. Muyembe, épidémiologiste de terrain, a été appelé dans le village de Yambuku, dans le nord de la République démocratique du Congo qui s'appelait alors Zaïre, où une maladie mystérieuse venait de faire son apparition.
Il fait un prélèvement sur une religieuse malade, l'expédie en Belgique et c'est là que le Dr Peter Piot isole pour la première fois le virus, baptisé Ebola du nom d'une rivière proche de Yambuku.
"A l'époque, je faisais les prélèvements à mains nues, avec le sang qui coulait..." raconte à l'AFP le professeur avant la cérémonie, dans son laboratoire, équipé de gants, blouse, bottes et charlotte de protection.
Après 1976, la maladie ne fait plus parler d'elle pendant 19 ans, jusqu'en 1995, quand une épidémie de "diarrhée rouge" se déclare à Kikwit, ville de 400.000 habitants dans l'ouest du pays. Le professeur a alors l'idée de traiter huit malades par transfusion de sang de convalescent. Sept ont survécu.
L'échantillon n'était pas représentatif, mais l'idée a germé jusqu'à la mise au point d'Ebanga, testé pour la première fois en 2018.
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"Ici nous faisons le diagnostic", explique le professeur dans son labo.
"C'est très important, sur le terrain, de savoir si un patient a Ebola". En cas d'apparition de la maladie,
"on interrompt la chaîne de transmission, on vaccine 'par ceinture', c'est-à-dire autour d'un cas positif, et on traite les malades. [...] Si l'épidémie est déclarée à temps, elle peut être terminée en une semaine", assure le virologue, par ailleurs coordonnateur de la lutte contre le Covid-19 en RDC.
Un virus meurtrier
Depuis son apparition, le virus Ebola a fait plus de 15.000 morts. Il se transmet à l'homme par des animaux infectés, la transmission humaine se faisant par les liquides corporels. Les principaux symptômes sont des fièvres, vomissements, saignements, diarrhées.
La plus grande épidémie a frappé l'Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016 (11.000 morts). La RDC a quant à elle connu cette année sa douzième épidémie, qui a duré trois mois.