Fil d'Ariane
"La seule solution pour accéder à Internet pour les Congolais, comme pour les journalistes étrangers, c’est d’essayer de capter le réseau de l’autre Congo. Ce n’est pas évident et surtout cela coûte très cher. Plus le temps passe, plus les gens s’inquiètent dans le pays", nous raconte notre envoyé spécial Anthony Fouchard.
Ce matin, les observateurs de l’Union Africaine ont rendu leur conclusion : "La mission souhaite fortement que les résultats qui seront proclamés soient conformes aux votes du peuple congolais, a indiqué Dioncounda Traoré, chef de la miss de l’Union Africaine.
"Que le résultat soit conforme aux votes, c’est que martèle les opposants qui redoutent une manipulation des chiffres, ajoute notre journaliste sur place. Et les observateurs, notamment les catholiques de la Cenco ont pour l’instant dû reporter la présentation de leur rapport à jeudi, à cause de cette coupure. Quant au FCC, le parti de la majorité, il dénonce mais se veut nuancé."
Petit à petit, le pays s'enfonce dans un huit-clos. Le signal de RFI a été coupé sur la quasi totalité du territoire et les autorités ont retiré l’accréditation de son envoyée spéciale à Kinshasa, Florence Morice.
Elles lui reprochent d'avoir donné des résultats et de n'avoir ainsi pas respecté la loi sur la Céni et "le code de bonne conduite des journalistes étrangers pendant les élections".
La radio française internationale a été coupée dans tout le pays. Dans un communiqué, RFI dit "regretter le retrait de l'accréditation de sa correspondante (....) qui n'a exercé que son travail de journaliste professionnelle", demande "l'annulation de cette mesure de retrait" et "le rétablissement de sa diffusion".
#ElectionsRDC - Les autorités congolaises ont retiré l'accréditation de la journaliste de @RFI Florence Morice, envoyée à Kinshasa, et la réception de la radio a été coupée dans tout le pays.
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) January 2, 2019
Voici le communiqué de nos confrères de @RFI : pic.twitter.com/FIYtJ75nLA
"Nous demandons au gouvernement de ne pas bloquer les moyens de communication et notamment l'accès à Internet ainsi que les médias", écrivaient de leur côté les représentants de l'Union européenne (UE) et des États-Unis à Kinshasa, dans un communiqué conjoint du 1er janvier, signé par les représentants du Canada, de la Suisse, la France, la Belgique, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Suède.
Le nouvel ambassadeur des États-Unis en RDC a pour sa part tweeté également ce 1er janvier : "Je souhaite une bonne année et meilleurs vœux à mes amis congolais ! Que 2019 vous apporte la paix, une transition démocratique et l'internet débloqué !"
Je souhaite une bonne année et meilleurs vœux à mes amis congolais! Que 2019 vous apporte la paix, une transition démocratique et l'internet débloqué! #RDC #NewYears2019 pic.twitter.com/Br8nKOysKo
— Mike Hammer (@USAmbDRC) 1 janvier 2019
Ces réactions intervenaient au lendemain de la suspension de l'accès à Internet et aux réseaux téléphoniques "pour une durée indéterminée, sur décision du gouvernement", ont indiqué un opérateur et un fournisseur d'accès. L'envoi de SMS est également impossible depuis lundi 31 décembre après-midi.
La prise de position commune de l'UE et des États-Unis rejoint "l'appel au calme" lancé par les observateurs électoraux de la Conférence des évêques (Cenco) et de l'ONG Symocel.
Ces derniers demandent "un accès des observateurs au centre de compilation des résultats". C'est dans ces centres que seront traités et centralisés les procès-verbaux des résultats après avoir été affichés dans les centres de vote, et avant d'être traités par la Céni au niveau national.
La coupure d'internet complique aussi le travail des observateurs électoraux de la Conférence épiscopale qui ont retardé d'une journée, à jeudi, la présentation très attendue de leur rapport préliminaire sur les opérations de vote dimanche - pour lesquelles Kinshasa a refusé toute aide logistique des Nations unies et toute mission d'observation occidentale.
"On a voulu prendre un peu de temps étant donné que le travail se fait par téléphone", a expliqué à l'AFP le secrétaire général de la Conférence, l'abbé Donatien Nsholé.
L'opposition s'inquiète de la transmission des résultats. La coupure de la connexion Internet et l'impossibilité d'envoyer des SMS ne facilitent pas la tâche des mandataires.
À Bukavu, la coalition de l'opposition CACH dénonce ces procédés et parle même de fraude importante. Voyez notre reportage à Bukavu.
La coalition Lamuka autour du candidat d'opposition Martin Fayulu estime que la coupure internet "augure de la fraude et de la tricherie en train de se faire en ce moment précis", selon son directeur de campagne Pierre Lumbi joint par l'AFP.
La Commisison électorale nationale indépendante tenait, mardi 1er janvier, à rassurer l'opinion :"Les opérations de ramassage, centralisation et compilation ses résultats dans les 179 centres locaux se poursuivent normalement".
#ElectionsRDC -La @cenirdc veut rassurer. Dans un communiqué publié le 01/01, elle affirme que "les opérations de ramassage, centralisation et compilation des résultats" se déroulent normalement. Plus d'infos : https://t.co/ye5IWIOiQb#RDCelection #RDC pic.twitter.com/TL6gZmgtIu
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) 1 janvier 2019