RDC : mandat d'arrêt contre l'opposant Moïse Katumbi

L'opposant congolais Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, a été formellement inculpé, ce jeudi 19 mai, "d'atteinte à la sûreté de intérieure et extérieure de l'Etat" dans une affaire de "recrutement de mercenaires". Il est sous le coup d'un mandat d'arrêt. 
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Moise Katumbi
Moïse Katumbi, richissime homme d'affaires et opposant congolais. 
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"M. Katumbi est inculpé. Le parquet [général de la République démocratique du Congo] a rendu sa décision. M. Katumbi ne jouit plus de sa liberté, il ne peut plus faire n'importe quoi, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt", a déclaré à ce jeudi à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. L'opposant congolais est inculpé "d'atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat", a précisé le parquet général de la République à Kinshasa. 
Au vu des chefs retenus contre lui, il encourt la peine de mort
Un professeur de droit pénal 
En RDC, l'inculpation équivaut à la fin de la phase d'instruction et Moïse Katumbi est donc désormais formellement en attente de son procès. Au vu des chefs retenus contre lui, il encourt la peine de mort, a indiqué à l'AFP un professeur de droit pénal.
 

Que reproche-t-on à Moïse Katumbi ?

Le 4 mai dernier, les autorités congolaises ont annoncé l'ouverture d'une enquête sur le "recrutement de mercenaires" étrangers liés à l'opposant Moïse Katumbi. Selon le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, d'anciens militaires américains spécialisés dans la "formation, le maniement des armes, comme agent de sécurité ou garde du corps" sont actuellement "au service" de M. Katumbi dans l'ex-province du Katanga. 

Le 24 avril 2016, quatre gardes du corps de M.Katumbi, dont un Américain et trois Congolais, avaient été arrêtés à Lubumbashi et transférés à la capitale Kinshasa. 
 
Passé dans l'opposition congolaise en septembre 2015 après avoir démissionné de ses fonctions de gouverneur de l'ancienne province du Katanga (sud-est de la RDC), Moïse Katumbi, richissime homme d'affaires de 51 ans, est candidat à la présidentielle congolaise qui doit avoir lieu avant la fin de l'année. Il qualifie de "mensonges grotesques" les accusations de "recrutement de mercenaires" portées contre lui et dénonce une instrumentalisation de la justice destinée à lui "nuire" et à le mettre hors-jeu politiquement. C'est d'ailleurs parce qu'il dénonce le "caractère politique" de l'enquête que le célèbre avocat Me Dupond-Moretti a accepté de défendre Moïse Katumbi. 
 

Climat politique tendu 

Joseph Kabila
L'actuel président de la RDC, Joseph Kabila. © AP Photo/Themba Hadebe
Le climat politique est extrêmement tendu depuis des mois en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report de l'élection présidentielle. Aux termes de la Constitution, le président Kabila, au pouvoir depuis 2001, et dont le mandat se termine en décembre, n'a pas le droit de se représenter. Mais le 11 mai dernier, la Cour constitutionnelle a autorisé Joseph Kabila à rester en fonction au-delà de 2016. L'opposition accuse le chef de l'Etat, qui entretient le flou autour de ses intentions et de son avenir politique, de chercher à tout faire pour se maintenir à la tête du pays, quitte à retarder la date de l'élection présidentielle.