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Une semaine après les élections, la situation est tendue en République démocratique du Congo (RDC), où la publication de résultats partiels donnant une large avance au président sortant se poursuit. L'opposition réclame l'annulation pure et simple de ce qu'elle qualifie de "simulacre d'élections".
Des forces de sécurité entourent le siège de Martin Fayulu à Kinshasa ce 27 décembre. Le ministère de l'Intérieur a interdit la manifestation de l'opposition contestant les premiers résultats de l'élection présidentielle et les conditions du scrutin.
Mercredi 27 décembre à Kinshsa, un important dispositif policier a empêché la tenue d'une manifestation, interdite par les autorités, à laquelle avaient appelé plusieurs opposants, candidats à la présidentielle des 20-21 décembre.
Cette marche "a pour but de mettre à mal le processus électoral, le gouvernement de la République ne peut pas accepter cela", avait déclaré mardi le ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi.
Dès le début de la matinée, des policiers anti-émeutes avaient été positionnés aux abords du palais du peuple, siège du Parlement, d'où la marche était censée partir en direction de la Commission électorale (Céni).
Ils ont notamment fait usage de gaz lacrymogènes contre des sympathisants de l'opposant Martin Fayulu, regroupés devant le siège tout proche de son parti, tandis que d'autres manifestants enflammaient des pneus sur la chaussée.
Pendant près d'une heure, un échange de jets de pierres contre gaz lacrymogène a opposé des militants retranchés au premier étage du bâtiment aux policiers qui avaient investi les lieux.
Selon Martin Fayulu, au moins 11 militants ont été blessés. Le général Blaise Kilimbalimba, chef de la police de Kinshasa, a de son côté déclaré que deux policiers avaient été blessés "par des jets de pierres". L'officier a par ailleurs affirmé que des "mineurs" se trouvaient sur le lieu de la manifestation. "L'organisateur sera interpellé pour justifier" cette présence, a-t-il dit.
Le 20 décembre, près de 44 millions d'électeurs avaient été appelés à élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux. En raison de nombreux problèmes logistiques, le quadruple scrutin a été prolongé, officiellement d'une journée, et s'est poursuivi jusqu'à Noël dans certaines zones reculées.
Selon des résultats partiels de la présidentielle publiés mercredi en fin de journée par la Céni, le chef de l’État sortant, Félix Tshisekedi, arrive largement en tête, avec plus de 79% des voix.
Un programme établi de longue date par la Céni prévoit la publication des résultats complets provisoires de la présidentielle le 31 décembre.
"Nous n'accepterons jamais ce simulacre d'élections et ces résultats", fruits d'une "fraude organisée, planifiée", a déclaré Martin Fayulu.
Selon les derniers chiffres disponibles, portant sur environ 8,8 millions de voix comptabilisées, Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la région minière du Katanga, arriverait en seconde position, avec 14,7% des voix, suivi de M. Fayulu (3,45%).
Les autres candidats, qui étaient une vingtaine, n'atteindraient pas 1% des suffrages. Parmi eux, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, serait en 5e position, avec 0,26%.
Dès le 20 décembre, les opposants avaient qualifié les élections de "chaos total" et dénoncé des "irrégularités". L'archevêque de Kinshasa a estimé que le scrutin avait été "un gigantesque désordre organisé".
Comme une quinzaine d'ambassades avant lui, le prélat a appelé à la "retenue". Des tensions sont redoutées à l'annonce du vainqueur de la présidentielle, dans un pays à l'histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol immensément riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.
"Nous avons pris toutes les dispositions pour que la paix règne", avait assuré mardi le ministre de l'Intérieur, notamment à Lubumbashi, fief de Moïse Katumbi, où des éléments de l'armée ont été déployés pendant le week-end de Noël.
"Le chaos n'est pas arrivé et il n'arrivera pas", a affirmé à ses côtés le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
"L'opposition devrait attendre la fin de la publication des résultats provisoires (...) pour les contester devant la Cour (constitutionnelle) tel que prévu par la loi", a-t-il insisté sur X (ex-Twitter).