Moïse Katumbi a finalement mis fin au suspense et a annoncé ce 17 décembre qu'il était officiellement candidat pour la présidence de la République démocratique du Congo en décembre 2023. Le riche homme d'affaires a donc coupé les ponts avec l'actuel chef de l'État Félix Tshisekedi.
Moïse Katumbi a choisi le plateau de RFI et France 24 pour déclarer sa candidature vendredi 16 décembre.
Le bilan du président Tshisekedi, qui a succédé en janvier 2019 à Joseph Kabila après une élection controversée, est
"très mauvais, chaotique", a déclaré l'ancien gouverneur (2007-2015) du Katanga (sud-est), région minière et poumon économique de l'immense pays d'Afrique centrale.
(RE)lire : En RDC, Moïse Katumbi de retour d'un exil très actifSon parti
"Ensemble pour la République" faisait pourtant partie depuis deux ans de
"l'Union sacrée", la coalition présidentielle. Mais depuis des mois, les signes de désamour étaient nombreux avec Félix Tshisekedi, qui sera lui-même candidat à sa succession.
J'ai une vision pour mon pays, je dois sauver un peuple en danger.
Moïse Katumbi
"J'ai dit au revoir à l'Union sacrée... Nous allons continuer avec de vrais combattants, qui veulent qu'on change la situation de notre pays ensemble, pour un Congo meilleur", explique Moïse Katumbi.
"Je suis candidat parce que j'ai une vision pour mon pays (...), je dois sauver un peuple en danger", déclare-t-il en mettant en avant son bilan de gouverneur et son
"expertise" d'homme d'affaires ayant développé sa fortune dans l'industrie minière. L'homme politique est aussi président du prestigieux club de football de Lubumbashi, le Tout Puissant (TP) Mazembe.
"J'ai un programme, je vais créer de l'emploi, j'ai les infrastructures à refaire, il y a le tourisme...", explique-t-il.
"On doit aussi reconstruire notre armée, la sécurité dans notre pays...", a-t-il poursuivi, alors que l'est de la RDC est en proie depuis près de 30 ans aux violences de groupes armés.
La région connaît un nouveau pic dans cette crise chronique, avec la résurgence de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), qui s'est emparée de larges pans d'un territoire de la province du Nord-Kivu.
"Ne pas permettre la fraude"
La RDC a par ailleurs de gigantesques ressources minières et des millions d'hectares de terres arables mais, selon la Banque mondiale, plus de 70% de ses quelque 100 millions d'habitants vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, niveau fixé comme seuil de pauvreté international.
Dans un entretien avec l'AFP en février dernier, Moïse Katumbi exposait ses recettes pour la RDC : développer l'agriculture, faire de bonnes routes, éduquer la jeunesse et
"casser les mafias" qui gangrènent le pays.
En avril, il avait tracé deux lignes rouges qui l'auraient poussé à quitter la coalition présidentielle : l'examen par le Parlement d'une loi excluant tout Congolais né d'un parent étranger - ce qui est le cas de Moïse Katumbi, de père italien - de postuler à la présidentielle et l'absence d'un consensus autour de la désignation des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
(RE)voir : RDC : "la congolité" des candidats, une idée contestée
Le Parlement n'a pas inscrit cette loi dans son agenda, mais l'investiture des membres de la Céni n'a pas fait consensus.
"La population devra rester vigilante" le jour de l'élection, a déclaré le 16 décembre Moïse Katumbi,
"nous n'allons pas permettre la fraude".
La prochaine élection présidentielle est fixée au 20 décembre 2023. Parmi les autres candidats déclarés figure Martin Fayulu, candidat malheureux à celle de décembre 2018.
En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, dont les résultats sont parfois violemment contestés, comme en 2006 et 2011, avec à la clé des dizaines de morts.
Pour celle de l'an prochain, des experts ont déjà manifesté leurs doutes sur un processus qui, selon eux, a pris
"un mauvais départ" et risque encore une fois d'aboutir à une élection contestée.