Invité du 64', Moïse Katumbi, homme d’affaires et candidat à l'élection présidentielle de 2016 en République Démocratique du Congo évoque son repos médical et les futures élections. L'ex-gouverneur du Katanga s'explique également sur sa condamnation par la justice congolaise pour un litige immobilier et la réclusion à perpétuité qu'il risque suite à une inculpation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
L'homme est d'un naturel aimable et parle de lui à la troisième personne. De passage à Paris à TV5Monde avant une halte en Angleterre pour rendre visite à son médecin, Moïse Katumbi n'esquive aucune des questions de Mohamed Kaci, journaliste présentateur du magazine d'information "64 minutes".
L'homme d'affaires évoque le calendrier électoral "La Constitution est claire : nul ne peut effectuer plus de deux mandats de cinq ans", Joseph Kabila (devenu son ennemi intime) qui, selon lui, dès le 20 décembre, "ne dirigera plus la RDC". Moïse Katumbi ne fait pas mystère des risques qu'il prendrait si l'actuel président s'accrochait au pouvoir. Il répond également sur cette tentative d'empoisonnement dont il estime être victime et ses ennuis judiciaires en cours, cela malgré un devoir de réserve sur les poursuites dont il fait l'objet. En effet, Alexander Stoupis, un citoyen grec, a porté plainte contre l’opposant qu’il accuse d’avoir acquis illégalement l’un des immeubles qui appartenaient à sa mère au début des années 2000 et cela, par le biais d’un faux contrat.
"J'ai été convoqué par le tribunal de Lubumbashi et j'ai eu trois jours d'audition. Le dernier jour, j'ai été agressé par des policiers congolais qui m'ont piqué. Ils voulaient me tuer. Ils m'ont confondu avec mon grand frère qui était à côté de moi. Et j'ai eu un problème de respiration puis j'ai été acheminé à l'hôpital. (...) J'ai eu une infection dans le sang à cause de cette piqûre. J'avais des douleurs énormes et j'ai eu un résultat d'un laboratoire allemand et j'attends le résultat d'un laboratoire anglais. Je reviendrai vous voir et je montrerai à la population congolaise et au monde entier ce que notre gouvernement est en train de faire à ses propres enfants".
Les condamnations judiciaires
"Ce sont de fausses condamnations. On veut seulement nuire à la personne de Moïse Katumbi. La maison au sujet de laquelle on m'a condamné, et bien on n'avait pas le droit de me condamner. J'étais sorti légalement avec une autorisation du Procureur général de la République. Il y a eu une "citation directe" en mon absence et j'ai été condamné par défaut. On a même refusé à mes avocats de siéger. Ce n'est plus la justice dans notre pays, qui est inféodée. Le jour de l'alternance, le 19 décembre 2016, je porterai plainte. (...) J'ai été dans cette maison qui appartenait à mon grand frère. J'ai été dans cette maison à l'âge de 6 ans. Le titre est encore intact. (...) Concernant "l'affaire des mercenaires", est-ce-que l'on a montré des activités de mercenariat dans notre province ? C'est une façon de nuire à ma personne et aussi une façon de dire que Moïse Katumbi ne sera plus candidat à la présidence de la République. Je suis candidat. (...) On veut éliminer Moïse Katumbi et je suis allé voir le général Jones, comme il avait une société de sécurité, pour m'envoyer un consultant " (...)
Bientôt son retour en RDC ?
"Je vais rentrer au pays. Mon combat est un combat pacifique pour la première alternance au pouvoir dans notre pays . Le même parquet qui m'avait autorisé à sortir du pays m'a condamné injustement. C'est une fausse condamnation (...) Je suis candidat à la Présidence de la République et je vais annoncer la date de mon retour au peuple congolais. (...) La Cour Constitutionnelle n'a pas le droit de donner même une minute de plus au Président Kabila. La Cour Constitutionnelle n'est pas au dessus de la constitution et elle n'a pas dit que le président Kabila pouvait rester au pouvoir. Au mois de septembre, elle est obligée de convoquer l'élection présidentielle parce que le 19 décembre 2016, le Président Kabila ne sera plus Président de la République. Il doit laisser une histoire et dire : "J'étais le premier président à quitter le pouvoir pacifiquement".
Moïse Katumbi, le plus à même d'incarner cette alternance ?
"Je respecte beaucoup le président Étienne Tshisekedi, qui est devenu le président de l'opposition (...) il rentrera au pays le 31 juillet. Si je rentre au pays, c'est que j'ai un programme. Concernant d'abord l'éducation. Quand je suis arrivé dans la province du Katanga, j'ai trouvé 300 000 élèves sur les bancs de l'école. Quand j'ai quitté, ils étaient 3 millions 600 000 élèves. Les routes aussi. J'ai trouvé une province où il n'y avait plus de route. J'ai "asphalté" plus ou moins 1500 kilomètres de route pendant mon mandat. La Belgique avait laissé au Katanga 450 kilomètres. J'ai construit le plus grand pont en béton sur la rivière Lualaba. J'ai trouvé la production du cuivre à 8000 tonnes/an et je suis passé à 1 million 300 000 tonnes/an ! Autre exemple. La douane qui faisait 1 million 200 000 dollars/mois. Avec la douane, je suis arrivé à plus d'un milliard par an ! Il y a des ressources, des recettes, cela doit être bien canalisé."