RDC : paralysie, manifestations et enquête à Beni, après une tuerie
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24 Sep. 2018 à 16h49 (TU)
Mis à jour le
Hélène Doubidji avec AFP
Dans la nuit de samedi à dimanche 23 septembre, les terroristes du groupe « Allied Democratic Forces » (ADF) ont pénétré la ville de Beni dans la province du Nord-Kivu. Une incursion qui a causé 21 morts (17 civils et 4 militaires), selon le dernier bilan de l’armée nationale. De quoi occasionner une paralysie des activités et des protestations lundi 24 Septembre. Une enquête est ouverte.
Selon plusieurs témoignages, l'attaque a été lancée à la tombée de la nuit vers 18h30-19h00 (16h30-17h00 GMT) sur un quartier Est de Beni, ville commerçante de plusieurs centaines de milliers d'habitants.
« Les assaillants étaient nombreux, ils ont lancé un cri de joie. Il y avait des femmes et des enfants. On a tiré sur une moto et les enfants des assaillants commençaient à crier. Les rebelles ont découpé les victimes à la machette », a dit un témoin à l'AFPTV, Kasero Mumbi.
A l'appel de la société civile, lundi dans la ville de Beni, toutes les activités socio-économiques sont paralysées. Les rues ont été désertes. Les boutiques, magasins et des petits commerces n’ont pas ouvert les portes sur demande de la société civile qui a préalablement décrété une journée de deuil en mémoire des victimes. Le syndicat des enseignants a appelé ses membres à pleurer les victimes parmi lesquelles un professeur. Certains bureaux de l'État sont aussi fermés.
Les ONG mobilisées contre l'épidémie d'Ebola ont suspendu leurs activités à Beni, dans cette zone. Les activités de Médecins sans frontières (MSF) se poursuivaient normalement dans les centres de traitement à Mangina et Butembo, à 30 et 50 km de Beni.
Manifestations prorogées jusqu'à vendredi
La société civile de Beni (Nord-Kivu) a décidé de proroger les manifestations jusqu’à vendredi 28 septembre 2018 pour protester contre les tueries des civils. Elle a annoncé cette décision après une réunion extraordinaire de toutes ses composantes. Pendant cette période, toutes les activités socio-économiques ne seront pas autorisées. Cette décision concerne aussi les écoles publiques et privées ainsi que les activités liées à la riposte contre l’épidémie d’Ebola.
La société civile exige par ailleurs, l'évaluation des opérations militaires en cours contre les ADF, l'arrivé des autorités de Kinshasa à Beni.
Une enquête ouverte
Selon l'armée congolaise une enquête est ouverte : "Le parquet militaire a ouvert une information judiciaire sur l'attaque meurtrière lancée par le groupe islamiste ADF contre la population civile de Beni ayant causé la mort de 17 civils et 4 militaires", a déclaré à l'AFP le colonel Kumbu Ngoma, substitut de l'auditeur supérieur militaire du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Depuis octobre 2014, les ADF sont tenus responsables du massacre de plus de 700 civils à Beni et sa région, en plus de la mort de 15 Casques bleus tanzaniens en décembre. Il s'agit historiquement d'un groupe ougandais musulman qui s'est replié en 1995 dans l'est du Congo pour combattre le président ougandais Yoweri Museveni.
Colère sur les réseaux sociaux
Cette dernière attaque a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux, où certains Congolais dénoncent l'impuissance de l'armée et de la force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) qui dispose d'une base à Beni. Des photos de victimes, dont une étudiante toute souriante, circulaient également, en plus de clichés montrant des flaques de sang frais.
"La population du Nord Kivu souffre trop. Ce week-end de nouveau beaucoup d'innocents sont morts", a tweeté l'ambassadeur des Pays-Bas, Robert Schuddeboom.
Pour Mak Hazukai, un porte-parole de l'armée dans la région, le combat contre le terrorisme dont fait face le territoire et la ville Beni « exige le réveil de tous les Congolais. »