RDC : plus de 20 morts dans des attaques de miliciens en Ituri

Plus d'une vingtaine de civils ont été tués le 12 février dans de nouvelles attaques de miliciens en Ituri, province aurifère du nord-est de la République démocratique du Congo, selon de premières informations recueillies lundi par l'ONU et la société civile.
Image
rebelles du M23
Soldats du M23 lors de leur retrait de Kibumba, dans l'est de la RDC le 23 décembre 2022.
© AP Photo/Moses Sawasawa
Partager4 minutes de lecture
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, a indiqué à New York que la milice Codeco avait, selon ces informations préliminaires, "tué au moins 20 civils et brûlé plusieurs maisons". Les mêmes miliciens auraient aussi "endommagé des infrastructures médicales lors d'une série d'attaques contre des villages du territoire de Djugu", a-t-il ajouté.

(RE)voir : RDC : exode des civils vers Goma
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...


L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est très préoccupée par l’escalade des attaques brutales contre des civils par des groupes armés non étatiques dans l'est de la RDC. La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu soulignait dans un communiqué publié il y a à peine une semaine de la gravité de la situation.

"Plus de 200 civils ont été tués au cours des six dernières semaines en Ituri dans une série d’attaques menées par des groupes armés non étatiques, qui ont également détruit 2.000 maisons et fermé ou démoli 80 écoles. La dernière attaque meurtrière s’est produite le 19 janvier sur le site de Plaine Savo pour les personnes déplacées dans la province d’Ituri." dénonce le HCR.

Lire : Massacre de civils en RDC par le M23 : 171 morts, selon un nouveau bilan de l'ONU

La Codeco (Coopérative pour le développement du Congo) est une milice de plusieurs milliers d'hommes qui affirme protéger la tribu Lendu face à la tribu Hema et l'armée nationale en Ituri.

Dieudonné Lossa, coordonnateur de la société civile de l'Ituri, a précisé qu'il y avait eu dimanche "une double attaque des miliciens Codeco". D'abord dans trois villages du territoire, où ils ont "tué 9 civils, incendié 23 boutiques et pillé 32 chèvres".
Ils ont ensuite "fait incursion dans la soirée à Mongbwalu", où ils ont tué 12 personnes, a ajouté Dieudonné Lossa.

Le bourgmestre de cette commune rurale, Jean-Pierre Bikilisense, a confirmé à l'AFP ce bilan de 12 tués par les miliciens, auxquels s'ajoute un civil tué par d'autres bandits lors d'un cambriolage.

Le HCR rapporte que "le 13 janvier 2023, une attaque qui aurait été menée par le groupe armé CODECO dans les villages de Nyamamba et Mbogi (territoire de Djugu, province de l'Ituri), aurait entraîné l'exécution sommaire d'au moins 49 civils (31 hommes, six enfants et 12 femmes). Quelques jours plus tard, deux charniers contenant respectivement les corps de 42 et de sept civils ont été découverts aux mêmes endroits."

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a également évoqué des attaques de deux villages dans un autre territoire de la province attribuées aux ADF (Forces démocratiques alliées), milice présentée par le groupe djihadiste Etat islamique comme sa branche en Afrique centrale.

Ces attaques dans le territoire d'Irumu auraient fait au moins 12 morts, bilan que des sources locales n'étaient pas en mesure de confirmer ce 13 février.

Depuis la fin de l'année dernière, les morts se comptent par dizaines presque chaque semaine en Ituri.
 
La situation en Ituri reste extrêmement volatile. Si nous n'agissons pas rapidement, la région pourrait être engloutie dans des atrocités comme cela s'est produit dans le passé.
Alice Wairimu Nderitu Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide

La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu alerte sur des informations faisant état de multiples attaques perpétrées contre des camps de personnes déplacées ainsi que sur l'utilisation systématique de la violence sexuelle comme arme de guerre. "L'impunité ne peut prévaloir. Lorsque de tels crimes odieux sont commis, les auteurs ne doivent jamais s'en tirer", a-t-elle souligné. "La situation en Ituri reste extrêmement volatile. Si nous n'agissons pas rapidement, la région pourrait être engloutie dans des atrocités comme cela s'est produit dans le passé".

Après une décennie d'accalmie, le conflit meurtrier dans la province entre Hema et Lendu a repris fin 2017, provoquant la fuite de plus d'un million et demi de personnes. En cinq ans, plusieurs milliers de civils ont été tués dans des attaques perpétrées principalement pour des motifs ethniques.

Les ADF, groupe armé d'origine ougandaise, sévissent quant à eux dans le sud de l'Ituri et le nord de la province voisine du Nord-Kivu.

L'est de la RDC est en proie aux violences de groupes armés depuis près de 30 ans.