Étienne Tshisekedi était une figure emblématique de l'opposition congolaise. Premier ministre sous la présidence Mobutu, l'homme connaissait bien les arcanes du pouvoir. Retour sur les années marquantes de sa carrière politique.
Juillet 2016. Le retour au pays est triomphal. La foule s'étale à perte de vue. Etienne Tshisekedi a 83 ans, il vient de passer près de deux ans en Belgique, pour se soigner.
Il n'a plus la fougue de ses jeunes années, mais cet accueil spectaculaire prouve qu'il reste, aux yeux des Kinois, l'opposant ultime, en RDC.
Opposant, il ne l'a pas toujours été. Au début des années 1960, il entame sa carrière politique aux côtés de Joseph-Désiré Mobutu. En 1965, il devient son ministre de l'Intérieur. Au fil des ans, s'affirme comme l'un des pilier du régime dictatorial qui sévit dans l'ex-Congo belge. Les relations entre les deux hommes se dégradent ensuite. 1980, c'est la rupture.
Etienne Tshisekedi dénonce les dérives du pouvoir de Kinshasa. Il prend part à la fondation du parti UDPS. Son engagement dans l'opposition lui vaut d'être plusieurs fois emprisonné.
En 1996, le régime Mobutu se meurt. Le maréchal-président, malade, affaibli, n'exerce plus le pouvoir. Alors que les troupes de Laurent-Désiré Kabila s'approchent de Kinshasa, Etienne Tshisekedi se rend à Nice, en France, où Mobutu s'est retiré et propose une alliance à son ancien ennemi.
Les deux hommes retournent au Zaïre, Etienne Tshisekedi devient le premier ministre de Mobutu pour sept jours. Et Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir.
Opposant à Kabila-père jusqu'à son assassinat en 2001, puis à Kabila-fils, le "sphinx de Limete" comme on le surnomme, boycotte la présidentielle de 2006. Il s'agit des premières élections libres de son pays, qui consacrent Joseph Kabila comme président de la RDC.
Cinq ans plus tard, en 2011, il joue le jeu démocratique, et fait activement campagne. A la suite d'un scrutin décrié, Joseph Kabila est une nouvelle fois proclamé président de la République. Etienne Tshisekedi, très en colère, revendique la victoire, et demande à ses partisans de se mobiliser.
Depuis lors, il se fera appeler "Président". Il prêtera même serment, chez lui, dans sa résidence de Limete, à Kinshasa. Mais déjà la maladie le guette. Et bientôt ce sera l'exil, en Belgique, pour raisons médicales.
Après son retour, de 2016, Etienne Tshisekedi acceptera finalement de prendre part au dialogue national, mais sous l'égide de la Cenco. Il devait prendre la tête du conseil de suivi de l'accord politique de décembre 2016 - l'accord dit de la Saint-Sylvestre -, trait d'union entre l'opposition et la majorité présidentielle.
Cet accord devait mener à des élections en 2017. Mais "le vieux", comme les Congolais l'appelaient aussi, n'en aura pas eu le temps.
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