RDC : pourquoi Tshisekedi décrète "l'état de siège" au Nord-Kivu et en Ituri

Le président congolais, Félix Tshisekedi, a décrété, vendredi soir, "l'état de siège" dans deux provinces situées à l'est du pays où sévissent 122 groupes armés selon des experts. Le Nord-Kivu et l'Ituri sont régulièrement le théâtre de violences armées et de massacres. Les modalités d'application de cette mesure prévue par la Constitution devraient être dévoilées prochainement. 
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ONU Nord-Kivu
Des Casques bleus des Nations Unies retrouvent des corps dans une zone où un convoi onusien a été attaqué à Nyiragongo, dans la province du Nord-Kivu, en février 2021. Cet assaut avait notamment coûté la vie à l'ambassadeur italien en RDC, Luca Attanasio.
Justin Kabumba (AP)
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Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a révélé, vendredi soir, que le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a décrété l'"état de siège" au Nord-Kivu et en Ituri. Ces deux provinces de l'est du pays sont durement frappées par la violence des groupes armés et les massacres de civils.

Une "ordonnance" doit encore détailler les modalités d'application de cet "état de siège". "Le président de la République a informé le Conseil des ministres de sa décision de proclamer, conformément à l'article 85 de la Constitution, un état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, a dévoilé M. Muyaya. Une ordonnance présidentielle sera rendue publique dans les prochaines heures."

L'article 85 prévoit la proclamation de "l'état d'urgence ou l'état de siège" "lorsque des circonstances graves menacent, d'une manière immédiate, l'indépendance ou l'intégrité du territoire national, ou qu'elles provoquent l'interruption du fonctionnement régulier des institutions […] Il en informe la Nation par un message."

Des mesures radicales face à l'insécurité

Le président Tshisekedi avait prévenu, jeudi, qu'il préparait des "mesures radicales" face à l'insécurité dans l'Est du pays.

Mardi, lors d’une visite à l’Elysée à Paris, il avait demandé au président français, Emmanuel Macron, l'aide de la France pour "éradiquer" les Forces démocratiques alliées (ADF) dans la région de Beni (Nord-Kivu). Il a décrit les ADF comme un groupe armé "à tendance islamiste, au discours islamiste et aux méthodes islamistes".

Lundi, son nouveau premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde évoquait déjà "l'état d'urgence" à l'Est, "avec notamment le remplacement de l'administration civile par l'administration militaire".

(Re)voir : RDC : les femmes dans la rue pour protester contre les violences au Nord-Kivu

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122 groupes armés à l'est

Des dizaines de groupes armés de taille variable sévissent encore dans l'Est de la RDC. Ils seraient même 122 d'après un groupe d'experts.

Les ADF, à l'origine des rebelles musulmans ougandais, sont de loin les plus meurtriers. Ils sont accusés du massacre de plus de 1.000 civils rien que depuis novembre 2019 dans le territoire de Beni.

Dans la localité, la police a dispersé vendredi matin un "sit-in" de lycéens qui ont manifesté pendant une semaine devant la mairie pour demander la présence sur place du président Tshisekedi, et le départ de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), accusée de ne rien faire face aux groupes armés.

Riches en minerais, frontalière de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi, les deux provinces du Nord et du Sud-Kivu ont basculé dans la violence lors des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003), sans parvenir à retrouver une vraie stabilité depuis.

Après une quinzaine d’années d’accalmie, la province de l'Ituri, plus au nord, est en proie aux violences depuis fin 2017.

Entre 1999 et 2003, un conflit entre les communautés Hema et Landu avait fait des milliers de morts, jusqu'à l'intervention de la force européenne Artemis.

(Re)voir : Violences dans le Nord-Kivu en RDC : "Il faut voir si Félix Tshisekedi peut rendre l’État congolais plus efficace"
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