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RDC : presque un mois après sa mort, Etienne Tshisekedi n'est toujours pas inhumé

La République démocratique du Congo attend toujours de pouvoir dire adieu au chef de l'opposition historique, Etienne Tshisekedi, décédé à 84 ans, le 1er février à Bruxelles. En pleine polémique, les autorités ont finalement tranché. Sa dépouille sera inhumée au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Un choix qui ne fait pas l'unanimité chez ses fidèles partisans.
Un carré de 500m² aménagé spécialement au sein du cimetière de la Gombe à Kinshasa. Voilà donc où devrait reposer Etienne Tshisekedi. Ainsi en ont décidé les autorités de la ville. Du moins aux dernières nouvelles, car pour l'instant aucune date n'a été avancée. Ce qu'on sait, c'est que les travaux d’aménagement de la tombe du leader de l'opposition commenceront dans les prochains jours.
 

Voilà qui devrait mettre fin à une polémique qui enfle depuis presque un mois, date de la disparition du "Vieux" comme beaucoup aiment à l'appeller. Alors fini les palabres autour de la dernière demeure du légendaire opposant ? Pas si sur, car du côté du parti de l'opposition, cette décision ne répond pas aux attentes. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) aurait préféré que son chef historique soit inhumé au sein même de son siège à Kinshasa, pour en faire un véritable mausolée.

« Au niveau du parti, on se réserve de tout commentaire. On a pris acte et nous attendons qu’on entre en contact avec la famille pour savoir de quoi s’agit-il », a affirmé dimanche 26 février, le porte -parole de l’UDPS, Augustin Kabuya.

Sur RFI, un militant exprime l'avis de beaucoup : « Ils doivent quand même savoir que Tshisekedi, c’est une icône. Pas de cimetière ! Si jamais on veut nous donner un endroit, nous allons ériger sa tombe au niveau de la permanence de notre parti. Et que personne ne vienne nous en vouloir, parce que c’est une propriété privée. Quiconque s’approcherait d’ici, il va trouver les combattants sur ses épaules ! ».

"On frôle l'indécence"

Le décès d'Etienne Tshikedi aura décidemment donné lieu à une surréaliste empoignade frisant souvent l’indécence, de Bruxelles à Kinshasa.

Quand sera-t-il inhumé ? Où ? Comment sera transporté le corps ? Avec quelle délégation ? Surtout, qui occupera le poste de Premier ministre, à Kinshasa, au moment de son arrivée ? Lui qui représentait l'homme du dialogue et du rassemblement était sans doute loin d'imaginer que sa disparition, et surtout la gestion de sa dépouille provoquerait tant de confusion. En attendant, l'épilogue de cette bien désolante bataille politique, le défunt repose toujours dans une chambre froide du funérarium d'Ixelles à Bruxelles.
 
cercueil Tshisekedi Bruxelles
La dépouille d'Etienne Tshisekedi, lors de la cérémonie de funérailles, le 5 février 2017 à Bruxelles (Belgique). Le chef historique de l'opposition congolaise est mort le 1er février 2017, il avait 84 ans.
©AP Photo/Geert Vanden Wijngaert
 
Des funérailles "d'Etat ?" en Belgique. La Belgique a mis les moyens en prêtant le palais 2 du Parc des expositions du Heysel, un espace de 4 500 m2 au pied de l’Atomium de Bruxelles, le dimanche 5 février. Une messe a été célébrée le jeudi 9, en la basilique du Sacré-Cœur de Koekelberg, la plus grande église du pays. Enfin, le gouvernement belge a proposé de mettre à disposition un avion pour rapatrier le corps, au cas où le gouvernement congolais se trouverait dans l’incapacité de le faire.

La lettre posthume

Et pour ajouter à ce climat, delétère, voici qu'apparait une lettre, écrite par Étienne Tshisekedi, qu'il aurait remise aux évêques catholiques congolais mi-janvier. Dans cette missive, dont le contenu reste mystérieux, il ferait sa proposition concernant la primature. Son destinataire : le président Joseph Kabila. Demande-t-il la désignation de son fils Félix au poste de Premier ministre, comme ce qui semble se murmurer ? Les évêques attendentde remettre la fameuse lettre en mains propres au chef de l'Etat.
 
 
felix
Photo datant du 31 décembre 2016 de Felix Tshisekedi, lors de la signature de l'accord signé entre les partis politiques congolais, appellant le président Kabila à quitter le pouvoir après l'élection présidentielle, prévue entre la fin de l'année et mi-2018.
©AP Photo/John bompengo

Il faut dire que la guerre de succession avait même commencé avant la mort du patriarche. Tout se joue entre son fils Félix, Moïse Katumbi, autre figure historique de l'opposition congolaise, et l'actuel Premier ministre Samy Badibanga. Pas sur que la réponse intervienne avant les funérailles. De quoi alimenter la confusion dans un pays en attente d'élections présidentielles de plus en plus hypothétiques, prévues initialement dans 10 mois, elles ne pourraient avoir lieu qu'au milieu de l'année prochaine.

Notre portrait d'Etienne Tshisekedi
VIDEO - Portrait d'Etienne Tshisekedi, l'icône de l'opposition en RDC