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Ce "selfie" a fait le tour du monde. Un garde-forestier du parc national des Virunga, dans le nord-est du Congo, prend la pose avec deux gorilles, debout. Derrière ce cliché, un objectif : récolter des dons pour ce parc, rouvert depuis seulement deux mois après plusieurs incidents meurtriers. Mais aussi alerter contre le braconnage qui sévit dans le pays.
Le parc de 8000 kilomètres carrés est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il est surveillé par 601 gardes-forestiers et est situé près des frontières rwandaises et ougandaises. Son étendue permet donc à des milices armées de s'y déplacer facilement. Difficile de contrôler une telle étendue.
En 2012, de nouveaux combats sévissent dans l'Est du Congo, menés par le Mouvement du 23 mars. Rien que dans cette partie du pays, près de vingt groupes armés (milices ou alliés du gouvernement) différents se sont créés cette année.
C'est ainsi que certaines milices profitent de cette instabilité pour braconner les espèces protégées, comme les éléphants. Une information confirmée dans un rapport de l’ONG Traffic, publié en décembre 2017. Ce rapport se concentre sur trois parcs nationaux de la République Démocratique du Congo et de la Centrafrique.
Les braconnages sont exécutés par "des groupes armés non-étatiques, des acteurs étatiques, des éleveurs armés et des braconniers indépendants". Parmi ces acteurs, on peut citer l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), les Janjaweeds (une milice soudanaise) et d’autres milices non-étatiques.
Ils sont entre 5000 et 8000 miliciens à roder dans les environs du parc. Les mammifères sont particulièrement visés. Les braconniers vendent ensuite la viande à des particuliers ou à des restaurants de villes périphériques, et les produits plus luxueux, comme l'ivoire ou les peaux dans les grandes villes. L'argent récolté finance de nouvelles missions de braconnage.
Des lois visant à réduire le braconnage existent bien aujourd'hui en République Démocratique du Congo, mais elles ne sont pas appliquées pour autant. Notamment à cause de la corruption.
Parmi les lois existantes, celle du 28 novembre 2008 vise à protéger les espèces animales en danger. L'article 28 stipule : "L'importation, l'exportation, la détention et le transit sur le territoire national des espèces intégralement protégées ; ainsi que de leurs trophées sont strictement interdits; sauf dérogation spéciale de l'administration des eaux et forêts; pour les besoins de la recherche scientifique".
Un arrêté du 9 avril 2011 répertorie les espèces protégées, parmi lesquelles figurent les gorilles du parc national des Virunga. Plus d’un tiers de la population mondiale de ces animaux classés "en danger critique d’extinction", est abrité dans le parc. Au total, près de 1000 gorilles résident dans celui-ci, contre 450 il y a 60 ans.
Pour protéger leur vie et celles des autres animaux les gardes-forestiers suivent une formation quasi-militaire. Ils sont entraînés par d'anciens commandos français et belges. Seuls 120 "rangers" sont recrutés parmi plus de 6000 candidats. Un reportage d'Arte montre comment les "Rangers des Virunga" défendent cette réserve.