RDC : quatre jours après l'éruption du volcan Nyiragongo, l'angoisse persiste

Près de quatre jours après l’éruption du volcan Nyiragongo, les craintes persistent à Goma et sa périphérie. Les coulées de lave se sont certes arrêtées à la lisière de la ville mais la terre gronde toujours ce mercredi alimentant ainsi l'angoisse des habitants. L'heure est également aux constats des dégats. Le bilan matériel s'annonce lourd et le nombre de morts ne cesse d'augmenter. Retour sur quatre jours d'angoisse. 

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RDC : quatre jours après l'éruption du volcan Nyiragongo, l'angoisse persiste
Images satellites du volcan Nyiragongo mardi 25 mai, deux jours après son éruption. 
©​Maxar Technologies via AP
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C’est d’abord une lumière rougeoyante et une forte fumée qui a inquiété les habitants de Goma samedi 23 mai. Rapidement, les craintes se confirment : le volcan Nyiragongo est entré en éruption. 

Dans une annonce destinée à la population, diffusée sur les radios locales et réseaux sociaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu confirme ainsi "l'éruption du volcan Nyiragongo depuis ce 22 mai vers 19H00" locales. Il ordonne dans la foulée l’évacuation de Goma.
 
Dans la nuit de samedi à dimanche, d'impressionnantes images diffusées sur les réseaux sociaux, mais non vérifiées de source indépendante, montraient des habitations en feu, lentement avalées puis englouties par la lave en fusion, dans la périphérie nord-est de Goma, notamment dans le quartier de Buhene.
 
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 Aussitôt, la panique gagne les habitants de Goma. Une partie de l'électricité y est coupée, les habitants sont contraints de fuir. En famille, à pieds, en voiture ou à motos souvent en famille, des milliers de personnes se dirigent à la hâte vers la frontière rwandaise toute proche.
 

Goma épargnée mais de fortes secousses inquiètent 

L'immense coulée de lave a finalement cessé sa progression dans le courant de la nuit de samedi à dimanche dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite nord-est de Goma. La ville est épargnée de justesse. Ce mercredi 26 mai cependant, de forts tremblements de terre à répétition étaient toujours ressentis à Goma. 
 

Selon RSM, l'organisme public en charge de la surveillance sismique au Rwanda voisin, dont la frontière jouxte la ville de Goma, ce séisme était d'une magnitude de 5,1.

C’est aussi l’apparition de deux grosses fissures qui inquiète aujourd'hui. Larges de quelques dizaines de centimètres par endroits, elles ont fracturé le sol dans le centre ville, alimentant ainsi de nouveau la psychose des habitants.
 
L'une a en effet fendu le sol dans la partie ouest de la ville et s'étend sur plusieurs centaines de mètres, entre le mont Goma, qui marque la limite nord de la ville, jusqu'à l'hôpital général et les rives du lac Kivu.
 
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L'autre, longue de près de cent mètres, est apparue en fin de matinée à proximité de l'aéroport de Goma, dans le nord-est de la ville, sur la chaussée de la route principale quittant Goma pour Butembo, vers le nord de la province, a-t-on constaté.

Le bilan humain augmente, les dégâts matériels sont importants
 
Ce Lundi 24 mai dans la soirée, le coordonnateur provincial de la Protection civile au Nord-Kivu, Joseph Makundi, faisait état de 32 morts, au moins sept personnes étant décédées, asphyxiées par les vapeurs toxiques, alors qu'elles marchaient sur la coulée de lave.
 
Selon une évaluation humanitaire conjointe, entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites par la lave, a indiqué à l'AFP Raphaël Ténaud, chef adjoint de délégation du Comité international de la Croix rouge (CICR) à Goma. Ce qui peut être estimé, au bas mot, à au moins 5.000 personnes désormais sans foyer, a expliqué M. Ténaud. 
 
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Une délégation gouvernementale, forte de sept ministres, s’est pour cela rendu sur place afin d’appuyer "l'aide aux populations" déplacées et sinistrées. 

Le Nyiragongo, le volcan le plus dangereux d'Afrique 

le Nyiragongo, entré en éruption samedi, est le volcan le plus actif d'Afrique et est considéré par les spécialistes comme l'un des plus dangereux.

En effet, ce stratovolcan est, avec le Nyamuragira, l'un des deux volcans encore en activité de la chaîne des Virunga, dans ce pays d'Afrique centrale. Il se situe dans la région très peuplée de Goma et constitue une menace pour environ 1,5 million d'habitants.

Sa dernière éruption remontait au 17 janvier 2002. Le volcan avait alors craché un nuage de cendres de 3 km de haut et déversé entre 15 et 25 millions de mètres cubes de lave sur la ville de Goma. Il avait alors tué plus de 100 personnes et dévasté le centre de Goma, détruisant près de 14.000 habitations et laissant 130.000 personnes sans abri. De 300.000 à 500.000 personnes avaient été déplacées au Rwanda voisin.

Une précédente éruption, en janvier 1977, avait été encore plus meurtrière. La lave avait atteint aussi Goma et entraîné la mort de plusieurs centaines de personnes (les bilans varient de 600 à 2.000) dans la périphérie Nord de la ville. Il s'agit de la coulée de lave la plus meurtrière connue, ainsi que le plus gros débit (environ 20 millions de mètres cubes en une demi-heure).