RDC : qui est François Beya, conseiller spécial de Tshisekedi à la sécurité, mis aux arrêts ?
François Beya, le "Monsieur sécurité" du président Félix Tshisekedi est en détention depuis le 5 février dans les locaux de l'Agence nationale des renseignements (ANR). Retour sur le parcours d'un homme qui a été au cœur des dispositifs sécuritaires de quatre régimes successifs en République démocratique du Congo.
Le président Felix Tshisekedi, ici à Paris le 18 mai 2021, avait nommé François Beya à la tête du Conseil national de la sécurité.
AP
3 minutes de lecture
Les faits reprochés à François Beya restent pour l'instant inconnus. Dans son communiqué, la présidence évoque uniquement « indices sérieux attestant d'agissements contre la sécurité nationale ».
Un homme clé du système Tshisekedi.
Une page se tourne au sein du palais présidentiel. François Beya avait servi les quatre régimes différents en un peu moins de 30 ans. Il était présenté comme un homme clé du système Tshisekedi.
Âgé de 67 ans, François Beya a été recruté au milieu de la décennie 80 au Centre national des documentations (CND), ancêtre de l'actuelle ANR, sous le régime du dictateur Mobutu Sese Seko.
Affable, ce père de plusieurs enfants, surnommé Fantômas parce que passant inaperçu malgré ses responsabilités, est "un véritable commis de l’État, effacé, efficace, cartésien et professionnel", témoigne auprès de l'AFP un retraité de l'ANR.
Il accédait à ce poste bien qu'étant originaire du Kasaï (centre de la RDC), la région de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, père de Félix, raconte cet ancien agent.
Une carrière qui démarre sous le régime de Mobotu
Pendant cette période, François Beya a bénéficié de formations dans plusieurs pays, notamment en Europe, en Israël et aux États-Unis.
En 1994, il est affecté au Conseil national de sécurité (CNS) comme assistant principal de Tshibombo Mukuna, Conseiller spécial en matière de sécurité du président Mobutu.
En mai 1997, Laurent-Désiré Kabila, à la tête d'une coalition de groupes rebelles et soutenu par des pays de la région, chasse Mobutu du pouvoir.
François Beya prend le chemin de l'exil pour moins d'une année. Le chef de l'ANR de cette époque, Didier Kazadi, qui chapeautait aussi le Conseil de sécurité de l’État (CNE), le nomme directeur de son cabinet.
À cette époque, il a joué un grand rôle dans le retour de nombreux partisans de Mobutu qui avaient fui le pays à l’avènement de Laurent-Désiré Kabila.
À la mort de celui-ci, assassiné après quatre ans de pouvoir, Joseph Kabila succède à son père.
"S'étant fait remarquer par son expertise, le président Kabila-fils lui a confié la stratégique Direction générale de migration (DGM), comme directeur général, pendant 12 ans", rapporte le retraité de l'ANR.
Nommé à la tête du Conseil national de sécurité par Félix Tshisekedi
Proclamé vainqueur de la présidentielle de décembre 2018, le président Félix Tshisekedi fait de lui son Conseiller spécial en matière de sécurité, chef du Conseil national de sécurité qui chapeaute l'ensemble des services des renseignements du pays.
"François Beya a aidé le président Tshisekedi à assoir son pouvoir et son régime, parce qu'il jouait le rôle de trait d'union avec l'ancien président Kabila", estime cet ex-agent de l'ANR à la retraite.
Mais, il n'a pu empêcher en décembre 2020 la rupture de l'alliance de gouvernement qui liait le président Tshisekedi aux partisans de son prédécesseur Joseph Kabila.
Après près de 40 ans dans le système sécuritaire de la RDC, François Beya a servi quatre régimes successifs. "Il me semble qu'il n'a pas décroché à temps", regrette le retraité de l'ANR.