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A l’est de la RDC, les massacres de civils se multiplient dans une curieuse indifférence. Plus de mille personnes ont déjà été tuées. La coordination des sociétés civiles des territoires de Beni, Butembo et Lubero au Nord-Kivu vient d'adresser une lettre ouverte au président Kabila, pour que cesse le carnage. Et les réseaux sociaux dénoncent avec force le silence étatique... et médiatique.
Si le décompte est aussi précis que macabre, c'est que la situation n'a que trop duré. Gilbert Kambale, président de la Coordination de la société civile de Beni, s'est donc résolu a envoyé une lettre ouverte au président de la République, Joseph Kabila.
On y lit notamment les informations suivantes :
"Plus de 1470 personnes enlevées et portées disparues ;
- Plus de 1750 maisons incendiées avec, parfois, des personnes et biens calcinés ;
- Au moins 13 Centres de Santé incendiés parfois avec des malades et du personnel soignant à l’intérieur ;
- Plus de 27 écoles détruites, d’autres abandonnées, d’autres encore occupées soit par
des déplacés, soit par des dépendants des militaires, soit par des groupes armés ;
- Plusieurs villages entièrement occupés par les groupes armés : c’est le cas des villages de Kyuto, Katundula, Ivimbo, Mwekwe, Mukeberwa, Fungulamacho, etc en Territoire de LUBERO."
Parmi les responsables de ces massacres, le groupe ADF (Forces Démocratiques alliées). Il s'agit d'un mouvement crée en 1995 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam qui a fondé l’ADF-Nalu. Accusé de crimes contre l'humanité et de meurtre de masse ainsi que de trahison, il a été arrêté en Tanzanie en avril 2015, avant d'être extradé en Ouganda début juillet. Opposés au président ougandais Yoweri Museveni, ses combattants sont basés depuis 1995 dans l'est de la République Démocratique du Congo et ses forces compteraient environ 1 200 combattants.
Mais, le 21 mars 2016, un rapport du Groupe d'Etude sur le Congo (GEC) affirmait que les FARDC (l’armée du régime-Kabila), avaient également commis des massacres contre la population de Beni et que les autorités, ensuite, avaient attribué leurs crimes aux rebelles ougandais. Par ailleurs, selon plusieurs témoignages consignés dans ce rapport, les FARDC refuseraient d’intervenir pendant les massacres.
Les massacres recensés de ces derniers jours ont provoqué une vive émotion sur la toile et les réseaux sociaux #JesuisBeni et #JusticeforBeni sont apparus pour dénoncer l'inaction des autorités locales et l'indifférence des médias.
Les messages sont souvent déchirants.@missnzolantima écrit sur son compte . " Monsieur le
Président en tant que père de la nation, Chef d'Etat Major, please fermez le robinet. Le sang a trop coulé".
Aimant Lutonadio rappelle les attentats français : "lors de votre malheur, la #RDC été #JeSuisParis avec vs." Sous entendu : pourquoi aujourd'hui cette absence de solidarité ?
Deux internautes d’origine congolaise, Wondo et Kyaghanda, ont lancé une pétition en ligne afin d'alerter le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Ils espèrent que leur action, qui a pour l'instant recueilli presque 15000 signatures, permettra à ces instances de diligenter une enquête internationale, d'identifier les auteurs des massacres enregistrés ces derniers mois à Beni mais aussi leurs commanditaires et leurs complices.
Partout dans le monde, les internautes partagent leur incompréhension face à ces atrocités et nombre de personnes sont au diapason de cette douleur .
Des montages photos solidaires sont réalisés aux couleurs du pays mais aussi des vidéos sont postées :
#JESUISBENI: @Bakambu17 DIT NON Â LA GUERRE pic.twitter.com/EyA3mKhV9H
— IG & FBK: BANACONGO (@banacongo243) 16 mai 2016
#JeSuisBENI: Pensons aux enfants de BENI. Ils meurent, restent orphélins. Est-ce qu'ils méritent tout ça? pic.twitter.com/3olaZx0F4b
— IG & FBK: BANACONGO (@banacongo243) 17 mai 2016
#JeSuisBENI
— Mwana Congo (@Aarwam) 14 mai 2016
Ville martyrisée
Ville traumatisée
Ville éventrée
Ne réclame que
La JUSTICE pour
Ses enfants! RDC pic.twitter.com/BuJRvepxqX
✋ STOP aux massacres en #RDC
— Gilles Stomy Duarte (@stomyduarte) 18 mai 2016
#JesuisBeni #JusticeforBeni
#243 #StopAuxMassacres #Congo pic.twitter.com/m11VvksEkm