RDC : une manifestation de l'opposition réprimée, un correspondant de RFI violemment interpellé

Une manifestation de l'opposition, interdite par les autorités, a été réprimée ce mercredi 15 septembre à Kinshasa par la police. Celle-ci a procédé à des arrestations. Un correspondant de RFI, Patient Ligodi, a été violemment interpellé par les forces de l'ordre.
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LAMUKA OPPOSITION FAYULU
La manifestation d'opposition, interdite par les autorités, a été rapidement réprimée à Kinshasa par la police.
Capture AFPTV.
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La manifestation a été rapidement reprimée. Au moins huit personnes ont été interpellées et d'autres malmenées par des policiers. L'appel à manifester avait été lancé par la plateforme politique Lamuka, un mouvement d'opposition favorable à l'ancien candidat malheureux à la présidentielle Martin Fayulu.


Tension autour de la nomination des membres de la CENI


L'affrontement politique entre le pouvoir du président Félix Tshisekedi et l'opposition s'exacerbe autour de la nomination des membres de la Commission nationale électorale indépendante, la CENI. La prochaine élection présidentielle doit se tenir en décembre 2023. La nomination des membres de la commission électorale est au point mort depuis plusieurs semaines. 

Sur le long du trajet de la manifestation, un important dispositif policier était visible sur plusieurs kilomètres, du Palais du peuple (siège du parlement, dans le nord de la capitale) jusque dans le district populaire de la Tshangu.

Des photos et vidéos montrant l'interpellation brutale d'un journaliste congolais correspondant de Radio France Internationale (RFI), Patient Ligodi, ont été publiées sur les réseaux sociaux. Le site d'info Actualité TV a diffusé les images de la représsion par la police ainsi que l'arrestation brutale de Patient Ligodi.

 

Le journaliste s'est exprimé au micro de ce jeune média, soulignant que les policiers savaient qu'il était un journaliste avant de s'en prendre à lui. "Je possédais sur moi ma carte de presse et mon dictaphone", témoigne Patient Ligodi.

 


Dans un communiqué, les correspondants congolais de la presse internationale en RDC ont dénoncé "l'interpellation musclée et sauvage" de Patient Ligodi. Notre confrère "s'est pris des coups, ses bourreaux se sont assis sur lui dans la voiture" où "il étouffait complètement", ont-ils noté, en exigeant que "les policiers auteurs de ces brutalités soient arrêtés et poursuivis" tout comme leur "chef hiérarchique direct".

"Par solidarité à notre confrère Patient Ligodi, nous nous proposons de décider d'un embargo sur les activités étatiques si nous constatons que l'ordre venait du gouvernement", ajoutent-ils.

Des policiers à bord de deux jeeps ont rapidement dispersé une vingtaine de personnes qui tentaient de marcher dans un quartier de la commune populaire de Ndjili (Est). Les manifestants brandissaient une banderole exigeant "la dépolitisation de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante)".
 

Notre confrère "s'est pris des coups, ses bourreaux se sont assis sur lui dans la voiture" où "il étouffait complètement"

L'association des correspondants congolais de la presse étrangère

L'ancien Premier ministre Adolphe Muzito, un des leaders de Lamuka, a accusé "la soldatesque de Tshisekedi d'avoir réprimé (...) une marche pacifique".

La marche visait à dire non à une "Ceni politisée", au "glissement" (report de la présidentielle) et "à la fraude électorale en 2023", a ajouté l'ancien Premier ministre.

L'appel à manifester avait également été lancé dans d'autres provinces.  À Lubumbashi, deuxième ville du pays, dans le sud-est, la manifestation a été dispersée par la police à coup de gaz lacrymogène.