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Vital Kamerhe, ancien président de l'Assemblée nationale de 61 ans, a été transféré peu après 19h30 (18h30 GMT) à la prison centrale de Makala dans le cadre d'une vaste enquête anti-corrutpion supposée marquer le "renouveau" de la justice dans la lutte contre l'impunité des élites. C'est la première fois dans l'histoire du pays qu'un directeur de cabinet de la présidence est arrêté.
Figure centrale de la vie politique congolaise, il a été placé sous "mandat d'arrêt provisoire" après avoir été entendu pendant plus de six heures par le parquet dans le cadre de cette enquête sur la mauvaise gestion présumée de fonds publics, a précisé la source judiciaire à l'Agence France-Presse (AFP).
Nommé directeur de cabinet au lendemain de l'investiture du président Félix Tshisekedi le 24 janvier 2019, M. Kamerhe devait s'expliquer sur l'utilisation de fonds publics destinés au financement des grands travaux lancés par le nouveau chef de l'Etat après son arrivée au pouvoir.
Parfois qualifié de "président-bis", M. Kamerhe s'était désisté en faveur de Félix Tshisekedi avant l'élection présidentielle du 30 décembre 2018, qui a marqué la première alternance pacifique dans l'histoire du Congo.
Les deux hommes ont scellé un accord politique pour constituer leur plate-forme Cap pour le Changement (Cach), qui gouverne la RDC en coalition avec les forces politiques de l'ex-président Joseph Kabila.
Le parti de M. Kamerhe, Union pour la nation congolaise (UNC), compte plusieurs ministres au sein du gouvernement de 67 membres.
A son arrivée au parquet général près la cour d'appel de Kinshasa Matete vers 13h00, M. Kamerhe a été encouragé par plusieurs dizaines de ses sympathisants, qui ont défié l'interdiction des rassemblements de plus de 20 personnes, l'une des mesures prises pour enrayer l'épidémie de coronavirus. La police a ensuite utilisé des gaz lacrymogènes dans l'après-midi pour les disperser.
Un banquier, deux chefs d'entreprise et un responsable d'une entreprise publique ont déjà placés en détention provisoire dans cette enquête sur le financement du programme dit des "100 jours" du chef de l'État. Certains ont été depuis remis en liberté.
En conseil des ministres, le 20 février, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende avait souhaité que cette enquête marque "le début du renouveau" de la justice en RDC, "pour un véritable État de droit".