Réactions de la presse africaine au lendemain du coup d’Etat au Gabon

Au lendemain du coup d’Etat qui a renversé le président gabonais Ali Bongo Ondimba, arrivé au pouvoir en 2009 après la mort cette année-là de son père Omar Bongo Ondimba, qui lui-même est resté au pouvoir de 1967 à son décès, la presse africaine réagit à cet événement. Tour d’horizon. 

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Unes presse camerounaise

Une sélection des unes de la presse camerounaise de ce jeudi 31 août 2023 

© Capture d'écran
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Le maintien du couvre-feu de 18 heures à 6 heures est à la une du journal en ligne Gabon media time. Notre confrère rappelle que c’est par le biais d’un communiqué rendu public mercredi 30 août 2023 que le porte-parole du CTRI, le Comité pour la transition et la restauration des institutions, le lieutenant-colonel Ulrich Manfoumbi, a indiqué que le couvre-feu déjà en vigueur en raison des élections générales était maintenu sur l’ensemble du territoire.

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Dans ce même communiqué, il est précisé que les Gabonais « pourront à nouveau librement vaquer à leurs occupations entre 6 heures et 18 heures. » Notre confrère souligne par ailleurs que « ces mesures visent sans aucun doute à maintenir la quiétude et la sécurité au sein de la population, surtout en cette période très sensible. »

A la une de l’autre grand journal en ligne gabonais, Gabon Review, le satisfecit et les trois propositions pour une transition réussie publiés sur la page Facebook de Raymond Ndong Sima, ancien premier ministre d’Ali Bongo Ondimba et candidat à la présidentielle rallié à Albert Ondo Ossa, candidat consensuel d’une partie de l’opposition.

Notre confrère rapporte notamment les propos suivants de Raymond Ndong : « […] l’intervention depuis hier des forces de défense avec la dissolution de l’ensemble des institutions, l’annulation des élections dont les résultats officiels semblaient si surprenants et la mise en place d’un Comité transitoire, de restauration des institutions pourrait être un moindre mal et une occasion opportune d’assainir la vie politique du pays et de reprendre l’ensemble des élections finalement galvaudées ».

Une Cameroon Tribune

Au Cameroun voisin, l’un des poids lourds de la CEEAC, Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune fait sa une sur une circulaire du président de la République relative à la préparation du budget 2024.

Cette même une de notre confrère Cameroon Tribune fait état du décret présidentiel paru ce mercredi 30 août et portant sur la nomination de responsables au ministère de la Défense. Le coup d’Etat au Gabon n’est évoqué que dans un très court article de la version anglaise du quotidien gouvernemental titré ce jeudi 31 août : « Gabon : confusion after election »[Gabon : confusion après l’élection, NDLR].

En revanche, la presse privée camerounaise revient très largement sur le coup d’Etat au Gabon. L’événement fait par exemple la une du quotidien Mutations qui titre : « Ali Bongo : par ici la sortie ». Dans ses pages intérieures, notre confrère revient surtout sur les faits qui se sont déroulés hier à Libreville.

En République démocratique du Congo, le putsch contre le désormais ancien président Ali Bongo Ondimba fait également la une du journal Le Potentiel. Notre confrère insiste cependant sur la France qui serait « partagée entre la condamnation et l’exigence de vrais résultats des élections ».

Non loin de là, au Congo-Brazzaville, Les dépêches de Brazzaville, journal proche du pouvoir en place, titrent en une sur le coup de force au Gabon. Mais dans les pages intérieures, notre confrère évoque lui aussi la France qui suit avec la plus grande attention la situation au Gabon.

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Au Sénégal, le journal Le Quotidien se fait ironique en titrant « Ali renversé par les militaires : Gabon sans Bongo ni trompette ». Pour notre confrère, c’est « la fin de la dynastie des Bongo. Un changement de visage pour des Gabonais qui ont vécu pendant plus de 50 ans sous le règne de la vaste famille Ondimba. De père en fils. Il n’y aura pas de petit-fils. »

Quant au quotidien gouvernemental ivoirien Fraternité matin, il s’interroge à l’effet de savoir s’il s’agit réellement d’un putsch ou du maintien en place d’un système. « D’autant plus que, écrit notre confrère, le nouvel homme fort du pays n’est autre que le chef de la Garde présidentielle qui – dans un pays comme le Gabon – à très peu de chance d’être hors du clan Bongo. »

Dans le même ordre d’idée, le, journal burkinabé L’Observateur Paalga s’interroge également. « Coup d’Etat ou simple révolution de palais ? », écrit notre confrère. Après avoir notamment rappelé que comme au Niger, c’est l’unité chargée de la protection du chef de l’Etat qui est à l’origine du putsch, notre confrère écrit : « Faut-il pour autant chanter le requiem du clan Bongo qui contrôle tous les rouages, aussi bien de l’administration, de l’armée que de l’économie gabonaise ? »

L’Observateur Paalga ajoute pour finir : « Difficile d’y répondre pour le moment, d’autant plus que celui qui a été désigné pour conduire la Transition est un pur produit du système. »

Au Bénin, le journal La Nouvelle Tribune a plutôt choisi de revenir sur la vidéo du président déchu Ali Bongo Ondimba lançant un appel à l’aide à tous ses amis à travers le monde. Notre confrère souligne en particulier qu’Ali Bongo « semblait perdu dans ses prises de parole, avec des gestes hésitants ».