Back to top
Les combats opposants les rebelles du M23 et groupes armés pro-gouvernementaux à l'est de la RDC se déroulent ce mardi 24 octobre à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, la chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Photo d'archive. Des soldats congolais des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se trouvent à un point de contrôle au nord de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, à l'est du pays, le 25 novembre 2022.
Les combats qui se sont intensifiés depuis début octobre entre les rebelles du M23 et des groupes armés pro-gouvernementaux dans l'est de la République démocratique du Congo se sont rapprochés mardi à une vingtaine de km au nord de la grande ville de Goma, ont indiqué des sources concordantes.
"Il y a des combats à Kibumba depuis ce matin", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire ayant requis l'anonymat.
"Les rebelles s'affrontent aux +wazalendo+ (nom donné aux groupes armés dits "patriotes"). Le M23 vient de tirer deux bombes sur nous et nous sommes en train de répliquer", a ajouté cette source.
Officiellement, l'armée respecte un cessez-le-feu exigé par une médiation régionale, mais des témoins affirment que des militaires et des "patriotes" combattent ensemble contre le M23, rébellion soutenue par le Rwanda selon de nombreuses sources.
Dans l'après-midi, le porte-parole du gouverneur militaire a accusé les rebelles "appuyés par l'armée rwandaise" d'avoir attaqué une position de l'armée. "Face à cette provocation, toutes les dispositions ont été prises", a-t-il dit dans un communiqué.
"La situation est de pire en pire. Les deux côtés échangent des tirs d'armes lourdes", a indiqué un habitant. "Nous sommes obligés de fuir", a-t-il ajouté.
Dans un point situation diffusé lundi soir, le bureau de coordination humanitaire des Nations unies (Ocha) en RDC estime à près de 200.000 le nombre de personnes qui ont dû fuir leurs maisons depuis le 1er octobre dans les territoires de Rutshuru et Masisi, au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Les combats, qui touchent aussi le territoire de Nyiragongo, plus proche de Goma, ont aussi causé ces dernières semaines plusieurs dizaines de morts, civils et combattants, selon des sources interrogées dans les différents secteurs touchés.
Dans un de ses briefings réguliers, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a évoqué lundi soir une "énième incursion" de l'armée rwandaise la semaine dernière sur le territoire congolais et "une cinquantaine" de civils tués par les rebelles.
Un porte-parole du M23 a fermement démenti mardi.
Le M23 ("Mouvement du 23 mars") est une rébellion majoritairement tutsi qui a repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil et s'est emparée de vastes pans de territoire dans la province du Nord-Kivu.
Une force de la communauté d'Afrique de l'Est est déployée depuis fin 2022 dans la province mais, comme celle de l'ONU, se retrouve très critiquée par Kinshasa qui lui reproche de ne pas contraindre les rebelles à déposer les armes.
En mai dernier, l'armée congolaise avait accusé le Rwanda et le M23 de planifier une attaque sur Goma, ville de plus d'un million d'habitants bordée par le lac Kivu et adossée à la frontière rwandaise.
La journée de mardi a été pour la province du Nord-Kivu à l'image de ces trois dernières décennies dans l'est congolais, violente du nord au sud.
Au matin, l'information s'est répandue d'une nouvelle tuerie, avec au moins 26 morts, dans le territoire de Beni, dans le nord de la province, épicentre des exactions des ADF ("Forces démocratiques alliées").
A l'origine rebelles ougandais majoritairement musulmans, les ADF ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans cette région de l'est de la République démocratique du Congo, où ils ont tué des milliers de civils.
En 2019, ils ont prêté allégeance au groupe jihadiste Etat islamique, qui revendique désormais certaines de leurs actions et les présente comme sa "province d'Afrique centrale".
Tout récemment, sur le territoire ougandais, ils ont été accusés d'avoir tué trois personnes dont deux touristes étrangers, le 17 octobre dans le parc Queen Elizabeth. Action revendiquée le lendemain par l'EI.
Lundi soir et jusqu'au petit jour mardi, des assaillants présentés par les autorités comme des miliciens ADF ont attaqué un quartier périphérique de la ville d'Oicha, pillant et tuant, essentiellement à l'arme blanche.
"Nous venons de déposer 26 corps à la morgue", déclarait dans la matinée à l'AFP Darius Syaira, rapporteur de la société civile du territoire de Beni. Ce bilan de 26 tués a été confirmé plus tard par un porte-parole de l'armée dans la région.
En colère, des manifestants ont mis le feu à des véhicules humanitaires qui s'apprêtaient à distribuer des vivres. "Nous n'avons pas besoin d'aide humanitaire, nous voulons la sécurité", déclarait un manifestant.