Rébellion du M23 en RDC : selon l'ONU, l'armée rwandaise utilise des missiles sol-air

Des éléments de l'armée rwandaise soutenant la rébellion du M23 dans l'est de la République démocratique du Congo ont tiré au moins un missile sol-air, indique un document interne de l'ONU.

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Des membres de la force régionale est-africaine regardent des rebelles du M23 passer après l'annonce de leur retrait, à Kibumba, dans l'Est de la RDC, le 23 décembre 2022.
Des membres de la force régionale est-africaine regardent des rebelles du M23 passer après l'annonce de leur retrait, à Kibumba, dans l'est de la RDC, le 23 décembre 2022.
AP Photo/Moses Sawasawa
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Selon le document de l'ONU, un "missile sol-air présumé des Forces de défense rwandaise (RDF)" a visé mercredi 7 février dernier, sans l'atteindre, un drone d'observation de l'ONU. Il aurait été tiré depuis un véhicule blindé dans une zone contrôlée par le M23, précise ce document confidentiel. 

"Les renseignements militaires extérieurs français confirment que le véhicule blindé de type WZ551, équipé d'un système de missile sol-air, est rwandais", ajoute-t-il. Deux photographies aériennes sont jointes au rapport. On peut y voir un véhicule blindé à 6 roues avec, déployé sur son toit, un système de radar et de lance-missiles. Elles ont été prises à environ 70 km au nord de Goma, au nord du territoire de Rutshuru, par le drone qui a été visé par le missile.

Un incident passé sous silence jusqu'ici

La Monusco (Mission de l'ONU en RDC) indique dans le document ne pas connaître "de groupes armés possédant l'entraînement ou les ressources nécessaires pour opérer et maintenir un système de missiles sol-air mobile" et pointe une "escalade des forces conventionnelles engagées dans le conflit dans l'Est de la RDC". Ni l'ONU, ni les FARDC (Forces armées de la RDC), n'ont communiqué jusqu'à présent sur cet incident.

Le document précise que de nombreux types d'armes ont été utilisés par "les M23 et l'armée rwandaise" contre des appareils volants et qu'ils sont également en possession de canons anti-aériens et de systèmes portatifs de défense aérienne de type MANPADS.

Les auteurs du document estiment que les nouveaux moyens anti-aériens utilisés par le M23 et l'armée rwandaise "constituent une menace à haut risque pour tous les aéronefs du gouvernement de la RDC et de la Monusco dans la région".

Un conflit qui dure depuis fin 2021

Fin janvier, dans une vidéo diffusée sur une chaîne YouTube pro-M23, Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a menacé la Monusco de représailles et l'a accusée de "fournir des informations" aux "ennemis" des rebelles en renseignant, à l'aide de drones, l'armée congolaise sur leurs activités. Dans cette même vidéo, Willy Ngoma exhibe ce qu'il décrit comme un débris de drone CH-4 appartenant aux FARDC abattu selon lui par un combattant du M23, qu'il présente devant la caméra.

Le 17 janvier, la rébellion avait annoncé que deux de ses commandants avaient été tués dans une attaque qui, selon des sources sécuritaires, avait été menée par un drone à Kitshanga, à une cinquantaine de km au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.

Cette province est en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose la rébellion du M23 ("Mouvement du 23 mars"), appuyée par des unités de l'armée rwandaise, à l'armée congolaise, associée à des groupes armés et deux sociétés militaires étrangères.