Remaniement au Burundi : Pierre Nkurunziza limoge son chef de la diplomatie

Le président burundais Pierre Nkurunziza a procédé à un remaniement ministériel qui a vu notamment le départ de son chef de la diplomatie et le maintien à leurs postes des ministres chargés de superviser le contesté référendum constitutionnel du 17 mai, a annoncé jeudi soir la présidence.
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Alain Aimé Nyamitwe
L'ex-chef de la diplomatie burundaise, Alain Aimé Nyamitwe, démis le 20 avril 2018
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Selon un décret lu à la presse par un porte-parole du président, quatre ministres quittent le gouvernement et cinq autres y font leur entrée, l'équipe passant de 20 à 21 ministres. 
 
La principale victime de ce remaniement est le chef de la diplomatie burundaise Alain-Aimé Nyamitwe, en poste depuis mai 2015 - juste après le début de la crise burundais en avril 2015 - et frère du responsable de la communication présidentielle Willy Nyamitwe. 

Il est remplacé par Ezéchiel Nibigira, ancien ambassadeur au Kenya et ancien patron des Imbonerakure, la controversée ligue des jeunes du parti CNDD-FDD au pouvoir, qualifiée de milice par l'ONU.

La présidence n'a fourni aucune explication à l'éviction de celui qui était considéré comme un des porte-voix du régime, mais selon un diplomate s'exprimant sous couvert d'anonymat, "le pouvoir reproche au ministre Nyamitwe de ne pas avoir agi correctement, en laissant l'image du pays se ternir à l'international". Le diplomate estime toutefois que M. Nyamitwe "a fait pour le mieux si l'on tient compte de tout ce qu'on reproche à ce régime en terme de violations des droits de l'Homme et d'intransigeance".

Pas de remaniement à l'Intérieur, à la Justice et à la Sécurité publique

Les autres poids lourds du gouvernement restent eux en place, notamment le ministre de la Sécurité publique et de la gestion des catastrophes, le général Alain-Guillaume Bunyoni, véritable numéro 2 du régime burundais, mais aussi celui de l'Intérieur Pascal Barandagiye, et la ministre de la Justice, Aimée-Laurentine Kanyana.

"Le président a pris le soin de ne pas toucher aux trois ministres les plus importants en ce qui concerne l'organisation, l'administration et la sécurité du référendum prévu dans moins d'un mois", qui vise à modifier la Constitution pour permettre à M. Nkurunziza de potentiellement rester au pouvoir jusqu'en 2034, a analysé le diplomate.

L'annonce en avril 2015 de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait depuis au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés, et sur laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Nouvelles arrestations dans la province de Bujumbura rural

La police burundaise a annoncé par ailleurs vendredi avoir arrêté huit "criminels" ayant selon elle prévu de perturber "par les armes" le très contesté référendum constitutionnel du 17 mai, qui doit permettre au président Pierre Nkurunziza de potentiellement rester au pouvoir jusqu'en 2034. Selon Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police, les forces de l'ordre ont découvert jeudi matin deux armes automatiques et des munitions lors d'une "fouille-perquisition" au domicile d'un suspect dans la province de Bujumbura rural (ouest). 

Les huit suspects ont été présentés à la presse vendredi dans les locaux du très redouté Service national de renseignement (SNR), assis par terre et menottés deux par deux, selon les images diffusées par la police sur les réseaux sociaux. Les deux armes automatiques, des kalachnikovs, étaient posées devant eux.
 
Notre enquête a permis d'arrêter huit (personnes) au total qui avaient le même objectif de perturber le prochain référendum par l'usage des armes à feu.Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police
L'enquête en cours va se poursuivre pour découvrir notamment "qui est derrière ce mouvement criminel", a ajouté M. Nkurikiye, suggérant d'éventuels liens avec "certains politiciens qui ont déjà manifesté à travers les médias leur intention de perturber ce référendum par tous les moyens, y compris les armes". Le porte-parole faisait ainsi référence à l'opposition en exil, vent debout contre une révision de la Constitution qui va, selon elle, enterrer l'accord de paix signé à Arusha en 2000 et ayant ouvert la voie à la fin d'une décennie de guerre civile.

Renforts militaires à la frontière


Les autorités affirment par ailleurs que des attaques sont en préparation depuis des pays voisins, notamment le Rwanda, raisons pour lesquelles, selon des sources administratives et militaires, des renforts militaires ont été envoyés dans des zones frontalières avec ce pays (nord) et la République démocratique du Congo (ouest).
Ce déploiement provoque de fortes tensions au sein de la population, qui dénonce également l'augmentation des patrouilles des Imbonerakure, la très contestée ligue des jeunes du parti au pouvoir, que l'ONU qualifie de milice.

Le gouvernement a adopté fin octobre 2017 un projet de révision de la Constitution, soumis à référendum, qui permettrait au président Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer à partir de 2020 deux mandats de sept ans. Le projet a été critiqué par la communauté internationale, notamment l'Union africaine.