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©E. Freudenthal, L. de Matos, A. Krizic / TV5MONDE
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Reportage au Cameroun : rencontre avec les combattants indépendantistes d'"Ambazonie"

Amnesty International accuse l'armée camerounaise et les rebelles de l'Ambazonie de violations des droits humains. L'Ambazonie, c'est un territoire auto-proclamé situé dans la partie anglophone du pays. Un conflit qui se déroule dans un quasi huis-clos. Pour la première fois, le journaliste Emmanuel Freudenthal a pu se rendre au coeur de cette guerre, à la rencontre des combattants indépendantistes. Reportage. 

Ils sont plusieurs dizaines à vivre dans ce camp, cachés dans la forêt, dans la région du "sud ouest", au Cameroun, en zone anglophone. Mais ici, c'est le drapeau bleu et blanc de l'Ambazonie, et celui des ADF, qui flottent au vent. Les ADF, pour "Ambazonia Defense Forces", c'est le principal groupe armé indépendantiste, au Cameroun anglophone.
 

> Revoir notre long reportage : Au Cameroun, carnet de guerre en "Ambazonie"

Ces hommes n'étaient, pour beaucoup, que de simples fermiers. Ils expliquent avoir rejoint la rébellion, après avoir subi les violences de l'armée camerounaise - l'armée de la "République", comme ils la surnomment.

Rêve d'indépendance

"Le 1er octobre, j'ai participé à une marche pour notre indépendance. Nous chantions ... « l'Ambazonie se lève, se lève, se lève. L'Ambazonie se lève, et ne tombe plus. » Tandis que nous chantions, nous sommes arrivés devant l'hopital général. Cette armée brutale de "La République " a commencé à nous tirer dessus. Ils ont tué l'un de mes frères". 

Tous ces combattants rêvent d'indépendance. Le sous-sol de cette région - l'Etat d'Ambazonie pour eux -  est riche en ressources naturelles -  en pétrole et en gaz notamment. Mais les populations locales n'en bénéficient pas.

Nous n'avons pas les mêmes droits. Nous avons trop souffert. C'est pour cela que nous voulons l'indépendance. Il n'y a pas de bonnes routes, pas de marchés, pas d'écoles. (...) Nos ressources sont pillées, nos resources sont volées.

Un combattant des ADF.

Des camps comme celui-là, il y en aurait une vingtaine dans toute la zone anglophone. 1500 hommes y transiteraient, selon la rébellion. Ils sont principalement financés par leur diaspora, installée partout à l'étranger. Leurs armes : de grossiers fusils de chasse, fabriqués au Nigeria. Face a eux, larmée camerounaise utilise des mitraillettes qui tirent 600 balles par minute.

Attaques et sorcellerie

Les ADF s'en prennent aux militaires mais plus généralement à tous les agents de l Etat.

" Cet endroit où nous sommes était sous le contrôle des forces de "La République", explique un commandant ADF. Et nous les avons repoussés. Ils ne sont plus ici.
L'autre jour, ils ont tenté de nous attaquer. Nous avons tué un commissaire de police, 
(...) Voilà sa casquette, et voilà son chargeur.

Pour faire face à un ennemi, manifestement plus fort qu'eux, ces combattants recourent à la sorcellerie.

Quand tu bois (la boisson magique), ils tirent, les balles ne rentrent pas dans ton corps.

Un combattant des ADF.

L'un de ces combattants revêt des grigris pour se protéger des balles : " Je m'habille pour le combat, nous raconte-t-il. Cela va me protéger pour que "La République" ne me tue pas... jusqu'à ce que je puisse jouir de mes droits"
 
Des amulettes, des offrandes pour sanctuariser leur camp. Des boissons magiques ..." Ça nous aide pour la protection, ça dure 24 heures. Quand tu la bois, ils tirent et les balles ne rentrent pas dans ton corps. "

Les combats sont quasi-quotidiens entre forces de l'ordre et groupes armés dans les deux régions anglophones du Cameroun.

> Revoir notre long reportage : Au Cameroun, carnet de guerre en "Ambazonie"