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République du Congo : le journaliste Ghys Fortuné Dombé-Bemba raconte son incarcération

Ghys Fortuné Dombé-Bemba vient de passer 18 mois en prison à la maison d'arrêt de Brazzaville. Ce journaliste a été arrêté en janvier 2017 pour "complicité d'atteinte à la sûreté intérieure de l'État" en relation avec l'ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias "pasteur Ntumi", leader de la révolte du Pool. Libéré cet été, sans jamais avoir comparu devant un juge, il raconte son incarcération particulièrement éprouvante.

Ghys Fortuné Dombé-Bemba est journaliste depuis plus de 20 ans. Jusqu'à ce que sa vie bascule, en janvier 2017, il dirigeait le groupe de presse Talassa, à Brazzaville. Son entreprise n'a pas survécu à son incarcération.
Le 11 janvier 2017, deux jours après la publication du dernier numéro de son magazine, il est interpellé à l'aéroport de Brazzavile. Après avoir subi des menaces de mort, il s'était résolu à quitter la République du Congo. Il est à l'aéroport, prêt à embarquer pour Paris, lorsque des agents en civil l'appréhendent. Il finira à la maison d'arrêt de Brazzaville et y restera 18 mois.


Il est incarcéré pour "complicité d'atteinte à la sûreté intérieure de l'État" en relation avec Frédéric Bintsamou - alias "pasteur Ntumi" - ancien chef de la rébellion du Pool. Les autorités lui reprochent d'avoir relayé, dans un article, l'un des messages à la Nation du "pasteur Ntumi".


"J'étais surpris qu'on puisse m'interpeller pour si peu. Pour moi, c'était un prétexte, un réglement de compte. Ce qu'on me reprochait, c'était ma ligne éditoriale, analyse aujourd'hui Ghys Fortuné Dombé-Bemba. Avec mes collègues, nous avons toujours dénoncé les comportements déviants de nos dirigeants, qu'ils soient dans la majorité ou dans l'opposition."


Ghys Fortuné Dombé-Bemba passera 18 mois en prison. " C'était un calvaire. J'ai été placé dans un isolement total, dans une cellule sans lumière, sans sanitaires, au milieu des rats. Je sortais dix minutes par jour avant tous les autres détenus pour que je ne croise personne, raconte -t-il. Je me nourrissais deux fois par semaine quand ma fille était autorisée à m'apporter à manger. Je suis tombé malade, j'ai perdu 20 kilos. C'était de la torture mentale."


Le 2 juillet dernier, Ghys Fortuné Dombé-Bemba est libéré de manière "provisoire", sans jamais avoir comparu devant un juge. Ce père de famille de 50 ans est arrivé en France il y a un peu plus de trois semaines et passe le plus clair de son temps à l'hôpital pour se soigner car il garde des séquelles de ces 18 mois de prison. Aujourd'hui, il souhaite se faire le porte-parole des autres détenus congolais même s'il croit savoir que, lui a subi un traitement particulièrement indigne.

Il souhaite aussi lancer un appel au président Denis Sassou-Nguesso, qui est à Paris en ce mois de novembre pour les commémorations de l'armistice de la Première Guerre mondiale . "Le gouvernement congolais a certes signé des accords de cessation des hostilités avec les rebelles dans al région du Pool, mais cela ne suffit pas. Des acteurs politiques restent en prison, rappelle-t-il. Pour une décrispation du climat politique, du climat social au Congo, je souhaiterais que le président Sassou accepte le dialogue."