Fil d'Ariane
Vladimir Poutine accueille à partir de jeudi 27 juillet ses partenaires africains à Saint-Pétersbourg pour un sommet Russie-Afrique, un moyen d'afficher une entente malgré le conflit en Ukraine et la fin de l'accord céréalier, source d'inquiétude pour le continent.
Photo d'archive. Poignée de main entre les présidents russe Vladimir Poutine et sud-africain Cyril Ramaphosa, Saint-Pétersbourg, 17 juin 2023.
Isolé sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine, le maître du Kremlin peut toujours compter sur son partenaire chinois, mais aussi sur le soutien - plus ou moins vocal - de nombreux pays africains.
"Aujourd'hui, le partenariat constructif, confiant et tourné vers l'avenir entre la Russie et l'Afrique est particulièrement significatif et important", a souligné M. Poutine dans un article publié lundi sur le site du Kremlin.
A Saint-Pétersbourg, l'ancienne capitale impériale, plusieurs chefs d’État africains sont attendus, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa, pour la deuxième édition de ce sommet après une première en 2019 à Sotchi, sur la mer Noire.
49 pays africains et 17 chefs d'État participeront, selon le Kremlin
Selon le Kremlin, 49 pays africains et 17 chefs d'Etat --comme le président sud-africain Cyril Ramaphosa-- ont confirmé leur participation à la deuxième édition de ce sommet Russie-Afrique, après une première en octobre 2019 à Sotchi, sur la mer Noire.
A Saint-Pétersbourg, ville natale de M. Poutine dans le nord-ouest de la Russie, "plus de 50 séances et tables rondes" sont ainsi prévues en fin de semaine, peut-on lire dans le communiqué, notamment sur des thématiques allant de la coopération économique à l'alimentation, en passant par l'énergie, la sécurité, mais aussi l'éducation et la santé.
Vladimir Poutine doit, lui, prendre la parole lors de la session plénière.
Selon son conseiller diplomatique, Iouri Ouchakov, cité par les agences de presse russes, M. Poutine "fera un grand discours" dans lequel il évoquera les relations russo-africaines et "la formation d'un nouvel ordre mondial".
Il échangera aussi lors d'entretiens bilatéraux avec plusieurs chefs de l'Etat, notamment camerounais, sénégalais, sud-africain et centrafricain.
"Une déclaration finale" qui "fixera des approches coordonnées pour le développement de la coopération russo-africaine" sera "adoptée" à la fin du sommet, a également ajouté le Kremlin mardi.
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a accusé mardi les Occidentaux, dont la France, d'avoir tenter de dissuader les Africains d'assister à ce sommet.
"Pratiquement tous les États africains ont été soumis à une pression sans précédent de la part des États-Unis, et les ambassades françaises n'ont pas été inactives (...) pour empêcher ce sommet d'avoir lieu", a-t-il affirmé.
"Aujourd'hui, plus que jamais, il est important que nous nous réunissions avec les Africains et que nous parlions, notamment de l'accord sur les céréales", a encore déclaré M. Peskov aux journalistes.
Le sujet brûlant du sommet sera en effet l'abandon par Moscou d'un accord crucial qui permettait depuis l'été 2022 à l'Ukraine d'exporter, y compris vers l'Afrique, ses céréales par la mer Noire, malgré le blocus russe des ports ukrainiens.
En un an, cet accord avait permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie.
Ces derniers jours, Moscou a tenté de rassurer ses partenaires africains, disant comprendre leur "inquiétude" sur le sujet.
Un déjeuner de travail sur l'Ukraine est programmé
Le président russe Vladimir Poutine doit évoquer vendredi l'Ukraine avec les dirigeants africains qui seront réunis à partir de jeudi à Saint-Pétersbourg lors d'un sommet spécial Russie-Afrique.
"Un déjeuner de travail est prévu entre Vladimir Poutine et un groupe de chefs d'Etat africains sur l'Ukraine le 28 juillet", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Le Kremlin a assuré que la Russie était "sans aucun doute" prête à exporter ses céréales gratuitement vers les pays africains qui en ont le plus besoin.
De son côté, Vladimir Poutine s'est déclaré d'accord pour revenir à l'accord à l'avenir mais uniquement à condition que ses demandes, concernant les exportations russes qui souffrent des sanctions, soient acceptées "dans leur totalité".
Depuis le début de son offensive en Ukraine en février 2022, la Russie a cherché à renforcer ses liens diplomatiques avec l'Afrique, faisant concurrence dans certains pays à la France, notamment via la présence du groupe paramilitaire Wagner.
Signe de cet intérêt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déjà effectué deux tournées sur le continent depuis le début de l'année, s'efforçant de l'attirer dans le camp de Moscou, dressé en rempart contre l'"impérialisme" occidental.
"Nous avons constamment soutenu les peuples africains dans leur lutte pour la libération de l'oppression coloniale, aidé à la formation des États, au renforcement de la souveraineté et des capacités de défense", a souligné M. Poutine lundi.
Dans les faits, la poussée de l'influence russe se matérialise notamment par des contrats de coopération militaire et de campagnes de communication sur les réseaux sociaux, selon les experts.
Mais la rébellion avortée de Wagner en Russie fin juin laisse planer un doute sur le futur de ses opérations sur le continent.
Et si le président français Emmanuel Macron a estimé que Moscou jouait en faveur de "la déstabilisation" de l'Afrique par ses activités, le Kremlin a assuré "développer" avec les pays africains "des relations amicales, constructives, basées sur le respect mutuel".
Les dirigeants africains ont tenté de peser dans la recherche de la paix en Ukraine. Une délégation de chefs d’État s'est rendue mi-juin à Moscou et à Kiev, prônant la fin des hostilités devant Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, sans grands résultats.
Le grand raout prévu à Saint-Pétersbourg intervient un mois avant le sommet des BRICS en Afrique du Sud, auquel le président russe, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a renoncé à se rendre, mettant fin à des mois de spéculations.