Sahel central : Dix millions d'enfants menacés par l'insécurité selon l'Unicef

Dans un rapport, l'organisation onusienne alerte sur les conditions sécuritaires des enfants. C'est deux fois plus qu'en 2020, notamment à cause de l'intensification des conflits.
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Un enfant souffrant de malnutrition attend un traitement dans un hôpital de Ouagadougou le 15 avril 2022 (AP Photo/Sophie Garcia)
Un enfant souffrant de malnutrition attend un traitement dans un hôpital de Ouagadougou le 15 avril 2022 (AP Photo/Sophie Garcia)
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Dix millions d'enfants vivant au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont besoin de toute urgence d'aide humanitaire, a indiqué l'Unicef dans un rapport publié deux fois plus qu'en 2020, face à l'intensification des conflits, a indiqué l'Unicef ce 17 mars.

Un nombre deux fois plus élevé qu'en 2020, et qui résulte de l'intensification des conflits.

Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d'Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières. Près de quatre millions d'enfants sont menacés dans les pays voisins du Burkina Faso, du Mali et du Niger, estime l'Unicef dans un rapport.

L'éducation, cible des groupes armés

"Les conflits armés touchent de plus en plus d'enfants, lesquels sont victimes de l'intensification des affrontements militaires ou pris pour cibles par des groupes armés non étatiques", observe la directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et centrale, Marie-Pierre Poirier, dans un communiqué.

Selon l'agence onusienne, les groupes armés opposés au système éducatif géré par l'Etat brûlent et pillent les établissements scolaires, mais aussi menacent, enlèvent ou exécutent les enseignants.

Plus de 8.300 écoles ont fermé leurs portes dans les trois pays, soit parce qu'elles ont été prises pour cible, soit parce que les parents ont été déplacés ou ont peur d'y envoyer leurs enfants.

Les enfants, victimes des conflits

Au Burkina Faso, des données recueillies par les Nations unies ont montré que le nombre d'enfants tués au cours des neuf premiers mois de 2022 avait triplé par rapport à la même période en 2021. La plupart de ces enfants ont succombé à des blessures par balles durant des attaques menées contre leur village, ou ont été victimes d'engins explosifs improvisés ou des munitions.

Cette crise a lieu dans l'une des régions de la planète les plus touchées par les changements climatiques, avec une hausse des températures et des précipitations plus irrégulières à l'origine d'inondations.

Parallèlement, certains groupes armés recourent à des tactiques consistant à bloquer les villes et les villages et à saboter les réseaux d'approvisionnement en eau.

Autant d'éléments qui alimentent l'insécurité alimentaire. D'après l'Unicef, plus de 20.000 personnes vivant dans la zone frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger atteindront d'ici au mois de juin un niveau d'insécurité alimentaire qualifié de "catastrophique".

Les hostilités s'étendent au-delà du Sahel central jusqu'aux régions frontalières situées dans le nord du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo, où vivent des communautés isolées manquant d'infrastructures et de ressources, et où l'accès des enfants aux services essentiels et à la protection est très limitée.

Mais les interventions humanitaires sont sous-financées. En 2022, l'Unicef n'a reçu qu'un tiers des 391 millions de dollars demandés pour financer ses activités dans la région. Pour 2023, elle demande 473,8 millions de dollars.