Le chef d'état-major américain a pourtant été direct : "les ressources que le Pentagone consacre à l'Afrique ou au Moyen-Orient pourraient être réduites et ensuite redirigées, soit pour améliorer la préparation de nos forces aux Etats-Unis soit vers le Pacifique", a en effet déclaré le général Mark Milley, à son arrivée dans la nuit de dimanche à lundi à Bruxelles pour une réunion du Comité militaire de l'Otan, prévue cette semaine.
Cette annonce, qui reste à confirmer, n'est pas surpenante selon Jeffrey Hawkins, ancien diplomate et ancien ambassadeur des États-Unis.
TV5MONDE : Quel est le rôle militaire des forces américaines au Sahel ? Pourquoi les autorités africaines et françaises s'inquiètent-elles d'un éventuel retrait ?
Les Européens n'ont pas pris le relais des Américains et certaines forces européennes n'ont pas ce type de matériel. Enfin, les renseignements, notamment par les drones sont en grandes parties fournies par les Américains. Un retrait américain du Sahel ne signifie pas les forces françaises ne pourront pas se déployer mais ce sera plus compliqué.
Pourquoi les États-Unis veulent-ils réduire le nombre de leurs militaires déployés en Afrique ?
Le retrait a déjà commencé depuis quelques semaines. Des forces spéciales américaines auraient déjà été redéployées. Cette première annonce du chef d'état-major des armées, le général Milley, n'est pas réellement une surprise.
Le conseiller à la Sécurité nationale de l'époque, John Bolton, avait présenté en 2018 dans un discours ce que doit être la stratégie américaine en Afrique. Et le message était clair. Il faut cesser de gaspiller les ressources militaires américaines. L'efficacité de chaque dollar payé par le contribuable américain doit être évalué. Les États-Unis, notamment en Afrique, ne peuvent pas être présents militairement sur tous les théâtres d'opération. La présence américaine doit être concentrée sur les lieux où ses intérêts directs notamment économiques sont en jeu, comme au Ghana et au Kenya.
Donald Trump, personnellement, ne considère pas l'Afrique comme un enjeu stratégique majeur.
Jeffrey Hawkins
Le maintien d'une présence américaine sérieuse au Sahel est beaucoup moins certain. Le général Milley et l'administration Trump ne considèrent pas que les djihadistes du Sahel constituent un danger direct pour la sécurité des États-Unis. L'Iran obnubile beaucoup plus le Pentagone que le Mali. Et Donald Trump, personnellement, ne considère pas l'Afrique comme un enjeu stratégique majeur. Il en a une profonde méconnaissance. C'est un continent qui ne représente pas un enjeu électoral pour lui.
Montrer les muscles face à la Chine dans le Pacifique, parler de guerre commerciale contre le géant chinois est plus porteur électoralement chez les ouvriers américains. Le citoyen moyen américain ne sait pas où se trouve le Sahel.
- (Re)voir - Le Sahel, de Dakar à Djibouti ?
Les États-Unis ont entre 6000 et 7000 hommes sur le continent, cela ne reste-t-il pas peu à l'échelle de la puissance militaire américaine ?
D'autres puissances concurrentes des États-Unis comme la Russie et la Chine pourtant sont de plus en plus présentes sur le continent africain...
La présence des Russes en Centrafrique par exemple ne fait pas plaisir à l'administration américaine. Mais je crois que cette présence a surtout choqué les Français et non pas les Américains car cette zone constituait avant et surtout le pré-carré français. Ce n'est pas une histoire américaine.