Sahel : les ministres français des Affaires étrangères et des Armées en visite au Niger

Il s'agit du premier déplacement en Afrique de Catherine Colonna et de Sébastien Lecornu, depuis leur prise de fonction. Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées entament ce vendredi une visite officielle au Niger. Ils doivent rencontrer aujourd'hui le président Mohamed Bazoum. Le pays est un partenaire-clé de Paris au Sahel. La France cherche à redéfinir son offre militaire et diplomatique en Afrique.
Image
Colonna Catherine
Catherine Colonna au défilé du 14 juillet 2022. La cheffe de la diplomatie française est en visite au Niger, avec le ministre des Armées.
Sarah Meyssonnier/AP
Partager3 minutes de lecture

Elle est poussée dehors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, celle-ci fait appel aux services du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner. L'armée française se sera totalement retirée du pays à la fin de l'été, après neuf ans de lutte antijihadiste. La France poursuit néanmoins sa coopération avec le Niger voisin, où elle va maintenir plus d'un millier d'hommes et des capacités aériennes. L'objectif: fournir un appui feu et du renseignement aux armées nigériennes dans le cadre d'un "partenariat de combat".

(Re) lire: Retrait français au Mali : quel impact sur les pays voisins ?

Aide à la lutte contre les groupes terroristes

"Au-delà du Mali, le recul démocratique en Afrique de l'Ouest est extrêmement préoccupant, avec des putschs successifs au Mali par deux fois, en Guinée en septembre 2021, au Burkina Faso en janvier de cette année", commentait mardi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna devant l'Assemblée nationale.

Mais "la France continuera néanmoins, en dépit de ces évènements, de ce retrait du Mali, à aider les armées ouest-africaines à lutter contre les groupes terroristes""Nous menons actuellement des consultations avec nos partenaires concernés pour définir avec eux, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins, la nature des appuis que nous pourrons leur fournir", expliquait-elle.

(Re) voir Sahel : quelle stratégie pour l'armée française ?

Catherine Colonna et Sébastien Lecornu doivent s'entretenir vendredi avec leurs homologues nigériens, avant de rencontrer le président Mohamed Bazoum. L'objectif de ce déplacement conjoint est d'"incarner le binôme civil-militaire", et de "montrer que notre approche repose sur ces deux pieds", souligne-t-on de source diplomatique française.

(Re) voir: Au Sahel, quel dispositif après le retrait de Barkhane ?

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Paris et Niamey signeront à l'occasion de cette visite un prêt de 50 millions d'euros et un don de 20 millions d'euros au profit du Niger. Ce dernier figure parmi les pays prioritaires de l'aide au développement française (143 millions d'euros en 2021). Ces dix dernières années, l'Agence française de développement (AFD) a multiplié par dix ses engagements au Niger. Le volet défense sera également abordé.

La France repense ses dispositifs au Sahel

Les deux ministres sont attendus vendredi sur la base aérienne projetée de Niamey, qui concentre les moyens militaires français au Niger.Ils se rendront aussi sur la base militaire nigérienne de Ouallam, au nord de Niamey. C'est de là que sont pilotées les opérations conjointes d'environ 300 soldats français et des forces armées nigériennes (FAN) à proximité de la frontière avec le Mali, face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique.

Au Sahel, la philosophie des interventions militaires françaises a évolué depuis quelques années: plus question pour les soldats d'agir seuls, mais seulement en deuxième ligne, en appui des forces locales et en fonction de leurs demandes.

Cette visite intervient alors que le président Emmanuel Macron souhaite repenser la stratégie de l'ancienne puissance coloniale en Afrique. "J'ai demandé aux ministres et au chef d’état-major des armées de repenser d'ici à l'automne l'ensemble de nos dispositifs sur le continent africain", a-t-il déclaré mercredi. "C'est une nécessité stratégique car nous devons avoir des dispositifs moins posés et moins exposés, et réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines", a-t-il ajouté.

Il s'agit de "réussir à penser un continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement, notre présence militaire", a souligné Emmanuel Macron.  Après son retrait du Mali, la France comptera environ 2.300 militaires français au Sahel (Niger, Tchad, Burkina Faso).