Fil d'Ariane
Après le séisme dévastateur qui a frappé le Maroc le 9 septembre et fait plus de 2 500 morts, de nombreux pays ont proposé leur aide. Pour le moment, les autorités marocaines n’ont accepté l’aide que de quatre pays.
Des gens inspectent les dommages causés par le séisme dans le village de Tafeghaghte, à proximité de Marrakech au Maroc, le 11 septembre 2023.
L’aide de l’Espagne, de la Grande-Bretagne, du Qatar et des Émirats arabes unis a été acceptée par le Maroc. Cette aide représente un soutien logistique et matériel suite au violent séisme qui a touché le pays le 9 septembre.
Pourtant, ce ne sont pas les seuls pays à avoir proposé leur aide au royaume. Les États-Unis, Israël, la Turquie, l'Algérie et la France se sont également portés volontaires. La France est prête à "intervenir" pour venir en aide au Maroc "à la seconde" où les autorités marocaines le demanderont, a ainsi déclaré le président français Emmanuel Macron.
Tout en remerciant tous les pays qui ont proposé l'envoi de secouristes, le ministère de l’Intérieur marocain affirme que le Maroc a accepté celle de quatre pays uniquement "après avoir procédé à une évaluation minutieuse des besoins sur le terrain et en tenant compte du fait qu'une absence de coordination pourrait être contre-productive". D'autres offres pourraient être acceptées à l'avenir "si les besoins devaient évoluer", précise le communiqué du ministère.
Dans un entretien au HuffPost, Ismaïl Hassouneh, secrétaire national du Secours populaire, une ONG de lutte contre la pauvreté, explique que “le gouvernement (du Maroc, NDLR) a besoin de temps pour s’organiser.” “Les trois premiers jours, il met en place ce que l’on appelle le “premier plan” avec notamment un bilan de la situation et des besoins, détaille-t-il. C’est seulement ensuite qu’il entre vraiment en contact avec l’aide étrangère.”
Ismaïl Hassouneh insiste sur la difficulté à établir le bilan du séisme en raison de la situation isolée des villages touchés. “Certains sont en montagne et plusieurs routes ne sont plus praticables à cause de la catastrophe, décrit le secrétaire national du Secours populaire. La seule chose que nous savons, c’est que les maisons y sont très fragiles et que les dégâts sont considérables.”
Sylvie Brunel, géographe et ancienne présidente de l'ONG Action contre la faim estime que la lente réactivité du Maroc aux propositions d’aide internationale s’explique par le fait que "le roi Mohamed VI veut garder la main sur son pays, c'est aussi une forme de fierté nationale (...)”. Dans un entretien au quotidien Le Figaro, elle explique que “l’aide humanitaire internationale va toujours des pays développés aux pays non développés. En tant que pays émergent, qui se veut interlocuteur de l'Europe et qui aspire à un statut de puissance régionale en Afrique, Rabat veut montrer qu'il est souverain, capable de piloter les secours, et ne pas se comporter comme un pauvre pays meurtri que tout le monde vient charitablement secourir."
"Nous sommes à la disposition des autorités marocaines et nous leur faisons toute confiance pour organiser les secours de la façon dont il leur paraît la meilleure", déclare la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. "Tous les contacts sont pris à tous les niveaux. Mettons ça (les tensions) de côté. Des gens souffrent. Des gens ont besoin d'aide", insiste-t-elle. Par ailleurs, la France a annoncé une aide de 5 millions d’euros pour aider les ONG actuellement “sur place.” Cette aide financière est débloquée via les fonds de réserve du ministère des Affaires étrangères pour que "les ONG sur place puissent travailler".
Ces ONG ont d’ailleurs lancé des appels aux dons afin d’obtenir plus de moyens pour mener à bien les opérations de secours et d’assistance aux victimes du séisme. De nombreuses initiatives sont répertoriées ici.