Sénatoriales au Cameroun : le RDPC de Paul Biya favori d'un scrutin sans enjeux

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président Paul Biya, au règne sans partage sur le Cameroun depuis plus de 40 ans, devrait remporter largement des élections sénatoriales de ce 12 mars au suffrage indirect.
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Paul Biya votant pour son élection en 2018
Le président Paul Biya lors des élections présidentielles d'octobre 2018 votant à Yaoundé. Les sénatoriales de ce dimanche 12 mars sont largement dominées par le RDPC du tout-puissant Paul Biya.
© AP Photo/Sunday Alamba, File
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Les six bureaux de vote de Yaoundé ont ouvert à 8 heures (7h TU.) ce 12 mars, regroupés dans l’école publique de Bastos, quartier le plus huppé de la capitale. Et il n’y avait pas foule aux premières heures, a constaté un journaliste de l'AFP. 

Dans les dix régions administratives de ce pays d'Afrique centrale peuplé de quelque 28 millions d'habitants, dix partis présentent des candidats à 11.134 grands électeurs : conseillers régionaux, conseillers municipaux et chefs traditionnels.

Mais le Rassemblement démocratique du peuple camerounais – le RDPC du président Biya - est le seul à avoir présenté des listes dans la totalité des dix régions et il contrôle 316 communes sur les 360 que compte le Cameroun.

Le parti du président Biya majoritaire

La chambre haute du Parlement est depuis toujours archi-dominée par le pouvoir. 70 sénateurs sont élus tous les cinq ans et 30 désignés par le président de la République. Dans le Sénat sortant, le RDPC et ses petits alliés occupent 93 sièges sur 100, les sept restant revenant au Social Democratic Front (SDF), l'un des deux principaux partis d'opposition. 

Voir : Cameroun : Paul Biya fête ses 90 ans, dont 41 au pouvoir
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À l'Assemblée nationale, le parti de Paul Biya et ses alliés disposent aussi d'une écrasante majorité de 164 députés sur 180, élus directement en février 2020.

"Le RDPC part largement favori dimanche, car ses membres sont les plus nombreux dans le collège électoral", assure à l'AFP Louison Essomba, professeur de sciences politiques à l'université de Douala, qui lui prédit une "majorité obèse".

"Je ne vois aucun enjeu, encore moins l'utilité de ce Sénat", assène Serge Dzou, professeur de sciences politiques à l'université de Ngaoundéré (nord) pour qui il ne "sert qu'à fournir des postes à des proches du régime".

La seule petite inconnue réside dans la reconduction ou non du président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, 88 ans. Deuxième personnage de l'Etat officiellement, assure constitutionnellement l'intérim en cas de vacance à la tête de l'Etat, mais pour organiser une élection dans un délai de 120 jours à laquelle il ne peut se présenter.  

Qui pour succéder au patriarche ?

La "succession" de Paul Biya, 90 ans, est sur toutes les lèvres. En cas de décès ou d'incapacité du président, le tout-puissant RDPC devra désigner un dauphin qui aura toutes les chances de remporter la présidentielle, mais personne, même parmi les plus proches de M. Biya, n'ose s'avancer publiquement.

Voir : Cameroun : le journaliste Georges Dougueli analyse l'ère Biya
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Paul Biya dirige le Cameroun depuis 1982, accusé régulièrement par l'ONU et les ONG internationales de réprimer impitoyablement l'opposition dans la rue et une sanglante rébellion séparatiste dans les deux régions de l'ouest peuplées principalement par la minorité anglophone.