Fil d'Ariane
"Je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations à compter de ce jour". Aliou Sall prévoyait de faire sa déclaration en public, dans sa mairie de Guédiawaye non loin de Dakar. Mais un rassemblement de ses partisans l'en a empêché. Les manifestants lui demandaient de ne pas jeter l'éponge.
Voilà trois semaines que le frère du président Macky Sall est dans la tourmente. Au départ, une enquête de la BBC. Le reportage dévoile, documents à l'appui, qu'Aliou Sall a reçu, en 2014, une prime de 250.000 dollars de la part du groupe Timis pour lequel il travaille. L'entreprise dirigée par un sulfureux homme d'affaires australien d'origine roumaine, Franck Timis, détient deux concessions pétrolières au large du Sénégal.
Au lendemain de ces révélations, le lundi 3 juin, Aliou Sall convoque la presse. Il soutient alors n'avoir jamais touché cette somme et menace de poursuites.
Mais la pression ne retombe pas. Signe, parmi d'autres, le vendredi 14 juin, une première manifestation de l'opposition est organisée dans les rues de Dakar.
Objectif, réclamer la transparence sur les contrats d'exploitation du gaz et du pétrole.
Le rebondissement survient le mercredi 19 juin. Sur le plateau de TV5MONDE, le conseiller du président Macky Sall en charge de la Communication, El Hadj Hamidou Kassé affirme qu'Aliou Sall a bien touché 250.000 euros de la part de Franck Timis. Il les aurait empochés au bénéfice d'une entreprise lui appartenant, Agritrans. Néanmoins, la défense du frère du président consistant à nier l'existence-même de cette somme vole en éclats.
Quelques heures plus tard, les déclarations d'El Hadj Hamidou Kassé font la une de la presse sénégalaise.
Enorme bévue ? Trahison ? El Hadj Hamidou Kassé est à son tour dans la tourmente et sera limogé le lundi 24 juin de son poste de "Monsieur communication" à la présidence.
Quant à Aliou Sall, il réfute à nouveau. Cette fois, pas de conférence de presse fracassante, mais un communiqué rédigé par ses avocats.
Le départ d'Aliou Sall de la Caisse des Dépôts et Consignations va-t-il faire retomber la polémique ?
Pas évident, à l'en croire. Dans son communiqué publié lundi, le frère du président accuse : "Toute cette malheureuse controverse, écrit-il, n'est entretenue qu'autour d'un tissu d'amalgames et de contre-vérités destinées à alimenter une autre campagne, plus insidieuse, celle-là, et qui va au-delà de ma modeste personne".