Sénégal: deux interpellations pour des critiques contre le Premier ministre sur l'homosexualité

Un activiste et un prêcheur ont été placés en garde à vue à Dakar après avoir attaqué le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et ses récents propos sur l'homosexualité. Le pouvoir a changé au Sénégal mais les arrestations pour "offense" continuent. 

 

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Ousmane Sonko

Ousmane Sonko, alors leader de l'opposition, s'adresse à ses partisans à Dakar le 14 mars 2024. 

AP Photo/Sylvain Cherkaoui
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Les deux hommes font l'objet d'investigations pour "diffusion de fausses nouvelles" et "offense" à l'encontre du chef du gouvernement, a dit la même source.

L'activiste Bah Diakhaté, interpellé par la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire), s'est livré dans une vidéo à des attaques contre la personne d'Ousmane Sonko après une déclaration de ce dernier sur le thème de l'homosexualité jeudi.

Le prêcheur Cheikh Ahmed Tidiane Ndao, placé en garde à vue mardi par les mêmes services, a reproché dans une autre vidéo au Premier ministre ce qu'il dénonce comme de la complaisance vis-à-vis de l'homosexualité.

Le débat sur l'homosexualité a resurgi au Sénégal après les propos prononcés par Ousmane Sonko à l'occasion de la visite de l'opposant de gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon.

Arrestations pour "offense" et diffusion de "fausses nouvelles"

Ousmane Sonko, chantre d'un souverainisme et panafricanisme empreint de préoccupations sociales et de valeurs traditionnelles, a critiqué les tentatives des pays occidentaux d'imposer leur mode de vie aux pays africains et de faire pression pour la légalisation de l'homosexualité. Il a parlé de "casus belli".

L'homosexualité est largement considérée comme une déviance au Sénégal où la loi réprime d'un emprisonnement d'un à cinq ans les actes dits "contre nature avec un individu de son sexe".

Ousmane Sonko a réclamé le respect des pays occidentaux pour les spécificités des sociétés africaines pour lesquelles selon lui "la question des genres n'est pas nouvelle" et qui "les (gèrent) à leur façon".

"Depuis l'aube des temps jusqu'à présent, les sociétés ont vécu avec ces phénomènes et il n'y a jamais eu de persécution, ni ici au Sénégal, ni nulle part en Afrique", a-t-il déclaré. Si le fait "n'est pas accepté, il est toléré", a-t-il dit.

Des cercles proches des religieux, des opposants et des militants ont reproché à Ousmane Sonko d'avoir défendu la tolérance vis-à-vis de l'homosexualité et d'avoir offert à M. Mélenchon une tribune pour plaider la cause des minorités sexuelles.