Sénégal : faute de visas américains, les basketteuses s'entraînent à domicile

Les dribbles et les crissements des chaussures résonnent dans le stade Marius Ndiaye dans le centre de Dakar. L'équipe féminine de basket du Sénégal entame son entraînement en vue de la Coupe d'Afrique de basket qui aura lieu le mois prochain. En l'absence de visas américains, les joueuses s'entraînent à domicile.

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Senegal Basket

Maimouna Diarra du Sénégal, à gauche, se heurte à Emma Meesseman de la Belgique lors d'un match de basket-ball féminin de qualification olympique du groupe A entre la Belgique et le Sénégal à Anvers, Belgique, le 9 février 2024.

AP Photo/Virginia Mayo
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C'est aux États-Unis que les Lionnes auraient dû s'entraîner. Le voyage a été annulé après que les autorités américaines ont rejeté les demandes de visas de douze membres de la délégation, dont cinq joueuses, qui devaient prendre part à cette préparation.

Cela ne donne pas une bonne image des États-Unis en ce moment.

Yacine Diop, capitaine de l'équipe

Cette situation constitue un nouvel exemple des difficultés à rentrer sur le territoire américain sous la nouvelle administration de Donald Trump, alors que le Sénégal figure sur une liste de 36 pays qui pourraient à leur tour être frappés d'une interdiction de voyager vers les États-Unis. "Cela ne donne pas une bonne image des États-Unis en ce moment", regrette la capitaine de l'équipe, Yacine Diop, interrogée par des journalistes après l'entraînement.

Sous les projecteurs diplomatiques

L'équipe s'est retrouvée malgré elle sous les projecteurs diplomatiques en pleine offensive anti-immigration du gouvernement de Donald Trump, les cas d'expulsions et de refus de visas faisant régulièrement la une de la presse américaine. Chasubles vertes sur le dos, les joueuses ont débuté malgré tout leur entraînement à Dakar.

(Re)voir Afrobasket Féminin : le visa des Lionnes refusé

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"Ça n'a pas marché, on est là aujourd'hui et il faut faire avec", relativise le sélectionneur adjoint de l'équipe, Madiène Fall. Les Lionnes, onze fois championnes d'Afrique, devaient participer à un stage de préparation de dix jours aux États-Unis avec leur sélectionneur, l'Américain Otis Hughley Jr, en vue du tournoi de l'AfroBasket-2025 le mois prochain en Côte d'Ivoire.

Ce changement de plan n'inquiète pas Madiène Fall. Il estime que le succès des joueuses ne dépend pas de la localisation de leur préparation et rappelle que l'équipe a décroché une médaille d'argent à Kigali lors de la dernière Coupe d'Afrique de basket. Pour la capitaine Yacine Diop, ce contre-temps n'aura "aucun impact sur le mental de l'équipe". "Que ce soit aux États-Unis ou ailleurs, l'essentiel c'est qu'on se regroupe", balaye-t-elle.

Le gouvernement sénégalais pas du même avis

Tout le monde n'est pas du même avis. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, chantre du souverainisme, n'a pas accueilli la nouvelle avec la même mesure et a annoncé "purement et simplement" l'annulation du voyage aux États-Unis.

"Ce stage sera désormais organisé à Dakar, dans un cadre souverain et propice à la performance de nos athlètes", a-t-il annoncé dernier sur Facebook. Il rappelle la "nouvelle doctrine" du Sénégal : "une coopération libre, équilibrée, fondée sur le respect mutuel et le bénéfice partagé".

Comme un pied de nez aux Américains, le Premier ministre a exprimé dans le même message sa "profonde gratitude" envers la Chine pour son soutien aux athlètes sénégalais. "Sonko 'dunke' Washington et encense Pékin", pouvait-on lire en Une du journal sénégalais Sud Quotidien le lendemain.

Tout le monde parle de ça, tout le monde est énervé.

Diène Bacar Diouf, agent immobilier

Vers une extension des restrictions d'entrée aux États-Unis ?

A l'extérieur du stade, dans les rues animées de la capitale sénégalaise, l'affaire fait jaser. "Tout le monde parle de ça, tout le monde est énervé", relève Diène Bacar Diouf, un agent immobilier. "Les États-Unis d'Amérique sont un partenaire pour le Sénégal donc je ne vois pas le motif qui les pousse à refuser les visas", poursuit-il, se disant "écoeuré" par cette histoire.

L'ambassade américaine n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP et un porte-parole du département américain d'État s'est dit dans l'impossibilité de "commenter des cas individuels" pour des raisons de confidentialité. 

(Re)voir États-Unis : interdit d'entrer

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Washington, qui a déjà interdit l'entrée sur son territoire aux ressortissants de douze pays, principalement africains, envisage d'étendre ces restrictions à 36 autres pays, dont le Sénégal, selon une source ayant pris connaissance d'une note consacrée à ce projet Pour le sélectionneur adjoint Fall, "il n'y pas de raison de s'inquiéter". "On va se préparer ici au Sénégal et essayer de décrocher le Graal en Côte d'Ivoire", dit-il.