Fil d'Ariane
Samedi 21 mars, Karim Wade avait été désigné candidat du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2017. Pourtant, l’ancien ministre et conseiller de son père Abdoulaye Wade est en détention préventive depuis avril 2013.
De nombreux observateurs parlent d’une stratégie politique permettant à son camp d’asseoir ses critiques contre un procès selon eux « politique ». « Karim Wade allait être condamné, c'est clair, net et limpide, affirme le rédacteur en chef de Sud Quotidien. C'était une stratégie politique pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu'au Sénégal, on a emprisonné le candidat du PDS à la présidentielle ».
Mais pour écarter l’existence de « tout projet politique pour couler l’adversaire », le ministre sénégalais de la Justice Sikidi Kaba a affirmé que Karim Wade gardait ses droits civiques. La CREI a en effet « écarté l’interdiction de l’exercice des droits civiques, civils et de famille prévus par l’article 34 du Code pénal », selon le ministre. L’actuel président Macky Sall qui brigue un second mandat assure ne pas craindre une éventuelle candidature de Karim Wade. « S’il y a un candidat plus fort que moi que les Sénégalais vont désigner, on en prendra acte », a-t-il déclaré la semaine dernière.
Le verdict de la CREI écarte Karim Wade de la présidentielle de 2017
Le verdict rendu par la CREI écarte la candidature de Karim Wade à la présidentielle de 2017. C’est pourquoi, selon Abdoulaye Thiam, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade « a un second plan ».
« Il ne va pas se laisser faire, souligne le rédacteur en chef de Sud Quotidien. Il a initié des rencontres (avec des personnalités politiques proches du PDS, ndlr) avant même que Karim Wade ne soit porté à la tête du parti ». Et d'ajouter : « On parle de sa rencontre avec Malick Gackou, l’ancien numéro 2 du parti de Alliance des forces de progrès (Afp) qui vient d’être exclu. Il a initié une autre rencontre avec l’actuel maire de Dakar (Khalifa Sall, ndlr) que l’on considère comme le véritable candidat et qui pourrait faire du tort à Macky Sall. Il a aussi rencontré Aminata Tall Fall qui était une personnalité importante au sein du PDS. On s'attend aussi à ce qu'il y ait un rapprochement entre le parti Rewni de Idrissa Seck, qui était un des ténors du PDS avec Abdoulaye Wade. Tout est possible ».
Pour le moment, l’ancien président sénégalais ne s’est pas exprimé sur ces différents rapprochements. Il a simplement donné rendez-vous à ses partisans le 27 mars prochain, place de l'obélisque, à Dakar.
A l’ouverture de son procès, le 31 juillet 2014, Karim Wade s’était présenté comme un « prisonnier politique ». Les défenseurs de l’ancien ministre crient d’ailleurs au procès politique puisque, selon eux, aucune preuve claire n’a été apportée pour démontrer la fortune supposée de Karim Wade. « Depuis longtemps on veut empêcher un candidat, notre candidat, d’être présent à l’élection présidentielle », s’était insurgé Oumar Sarr, un dirigeant du PDS.
La CREI justifie sa décision par un écart d’environ 66 milliards de FCFA (environ 100 millions d’euros) entre le patrimoine estimé de Karim Wade et ses « revenus légaux », considérant que «l’origine licite de ce patrimoine n’a pas été prouvée ».