Le bidonville de la cité Baraka est un modèle. Ici, la solidarité est le maître mot. Les habitants espèrent que cela le restera malgré les nouveaux aménagements prévus : des immeubles à la place des habitats de fortune.
Nichée au coeur du quartier de Liberté 6 à Dakar, la cité Baraka n’est pas un bidonville comme les autres. Dans ses centaines de maisons en taule et planches de bois vit une communauté extrêmement organisée et solidaire. Depuis le début des années 1990, près de 2000 personnes ont élu domicile sur cette petite colline en banlieue de la capitale, au milieu des immeubles. La cité a été créée par le fondateur de l’ONG Enda Tiers Monde, Jacques Bugnicourt, sur un champs de près de 2 hectares. Au fil des années, les habitants ont développé une organisation très méticuleuse, avec un seul mot d’ordre, l’entraide. Pas question de subir la misère, ici on cotise de l’argent, on le redistribue, on partage les points d’eau mais aussi les frais de santé ou de scolarité, on se forme les uns les autres. Une philosophie de vie qui se retrouve à tous les échelons du quotidien dans ce bidonville hors du commun. La vie du quartier est régie par des comités: pour les jeunes, pour la formation, pour les femmes, pour le développement. Les habitants ne payent pas de loyer, le terrain appartient au domaine national. Toutes les communautés cohabitent, aux côtés des Sénégalais, des Maliens, des Ivoiriens, des Guinéens. Tous ont développé au fil des années une identité très forte. Ils s’appellent les Baraka, les chanceux. Car dans leur misère, les liens de solidarité ont toujours porté très haut les couleurs du vivre-ensemble. Il n’y a pas de différence entre les ethnies, entre les sexes, entre les âges.
Bientôt, ces habitations anarchiques vont disparaître, le bidonville va être réhabilité par une ONG allemande. Les baraques de fortune vont être remplacées par des immeubles, 14 bâtiments, 210 appartements au total pour rendre le cadre de vie plus attractif. Les premières constructions doivent commencer le mois prochain. En avril dernier, le président Macky Sall était venu poser la première pierre. Les habitants de la cité ont été très impliqués dans le projet « Nouvelle Baraka ». Ils ont pu donner leur avis sur les plans, exprimer leurs attentes, et ont fait un important travail de réflexion sur l’adaptation de leur mode de vie traditionnel vers des habitations plus modernes. Une façon de décider eux-même de leur avenir.