Sénégal : la condamnation de l'opposant Sonko est "définitive"

Le ministre sénégalais de la Justice a déclaré que la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs était "définitive", ce qui le rend inéligible pour la présidentielle de 2024.

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Ousmane Sonko conférence de presse
Le leader de l'opposition Ousmane Sonko lors d'une Conférence de presse le 8 mars 2021. Il est accusé de viol par une masseuse d'un salon de beauté à Dakar.
AP Photo/Sylvain Cherkaoui
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Ousmane Sonko, dont l'épreuve de force avec le pouvoir et la justice tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, a été déclaré coupable le 1er juin 2023 de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès qu'il dénonçait comme un complot pour l'écarter de la présidentielle, il a été condamné par contumace.

Il a depuis été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont "appel à l'insurrection", "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" et "atteinte à la sûreté de l’État".

Les autorités mettent en cause sa responsabilité dans une série d'épisodes de contestation auxquels son bras de fer avec le pouvoir et ses démêlés avec la justice ont donné lieu depuis 2021 - le plus grave en juin dernier - et qui ont fait plusieurs morts.

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Les avocats de M. Sonko soutiennent que, leur client ayant été arrêté depuis sa condamnation, il doit être rejugé. Ils invoquent les textes en vigueur sur la contumace.

Il n'y a là aucune cabale en vue d'évincer un candidat à la présidentielle Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice sénégalais

Dans un entretien publié mercredi en ligne par le magazine Jeune Afrique le ministre de la Justice sénégalais Ismaïla Madior Fall répond que Ousmane Sonko a été arrêté "dans le cadre d'une autre affaire" que l'affaire de mœurs et que la règle selon laquelle un contumace doit être rejugé une fois arrêté ne s'applique donc pas.

"Pourquoi ne s'est-il pas constitué prisonnier s'il entendait obtenir que sa condamnation par contumace soit anéantie ? Celle-ci est entretemps devenue définitive", explique le ministre. C'est à ce titre qu'Ousmane Sonko a été déchu de ses droits électoraux et qu'il a été radié des listes, a-t-il ajouté. "Il n'y a là aucune cabale en vue d'évincer un candidat à la présidentielle".

Il n'y a pas de prisonniers politiques au Sénégal Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice sénégalais

M. Sonko a entamé une grève de la faim le 30 juillet. Il est hospitalisé depuis le 6 août. Les autorités ont annoncé la dissolution de son parti et procédé à des centaines d'arrestations, suscitant de vives critiques de défenseurs des droits humains. Le gouvernement invoque la nécessité de protéger la population contre ce qu'il présente comme un projet insurrectionnel.

Le ministre chiffre à "environ 500" le nombre de personnes détenues en lien avec les troubles survenus en 2023.

"Ceux qui se trouvent derrière les barreaux ont détérioré des magasins ou des banques, attaqué des brigades de gendarmerie ou encore incendié des mairies". "Il n'y a pas de prisonniers politiques au Sénégal", a-t-il affirmé.