Au Sénégal, l’Agence de presse Sénégalaise, APS, agonise. Matériels informatiques obsolètes parc automobile vieillissant ; absence de connexion internet ; et manque de ressources financières. Les problèmes sont nombreux. Conséquence, l’agence n’arrive plus à accomplir correctement sa mission.
Les couloirs de l’agence sont déserts. Plus aucun employé n’est passé ici depuis bientôt trois semaines. Les bureaux sont fermés, dans la salle de rédaction, les ordinateurs sont sans occupants. Sur la page d’accueil de l’agence, un poste : Grève de 96 h à l’APS. C’est le dernier poste de l’agence et elle remonte au 6 septembre 2018. Depuis aucune autre info n’a été postée. 20 jours désormais que le personnel a décidé de suspendre toutes les activités de l’agence pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Pour Bamba Kasse, le délégué du personnel à l’APS, la situation est devenue intenable « Nous sommes obligés d’arrêter de travailler parce que les conditions minimales qui permettent à nos journalistes de travailler ne sont plus réunies. Il n’y a plus rien à l’APS. Lorsqu’on va jusqu’à ne plus avoir de connexion internet normal, lorsqu’on va jusqu’à ne plus avoir de téléphone, lorsque du jour au lendemain on se sépare de 40 pigistes collaborateurs, lorsqu’il y a plus de véhicules de fonction , nous pensons qu’il était temps de mettre fin au miracle quotidien qui était le nôtre. Normalement l’APS doit être présente dans toutes les régions et départements du Sénégal mais ce n’est pas le cas. Et même dans les régions où on a un correspondant, il travaille les mains nues »
Au-delà de l’amélioration des conditions de travail, les revendications tournent également autour de deux autres points, dont un urgent pour redémarrer la machine. Ce point c’est un rallongement budgétaire de 250 millions de FCFA qu’il faut tout de suite pour que l’agence puisse fonctionner jusqu’en décembre. Son budget est épuisé. Le dernier point est sans doute le plus important : le personnel souhaite que soit accéléré le processus de restructuration de l’agence entamé au mois de Mars, ce processus traine les pieds et normalement doit être mené à terme avant décembre selon les directives données.
Pour rappel, en janvier dernier, suite à une alerte lancée par le personnel de l’APS sur les difficultés que traverse l’agence, le président Macky Sall avait donné des instructions aux ministères des finances et de la communication pour procéder à une restructuration de l’agence.
Ce processus doit conduire à un changement de statut pour l’APS. Passer d’un établissement public pour devenir une société nationale, financé sur la base de la RSP, c’est-à-dire la rémunération du service public ; au lieu de disposer d’une subvention chaque année. Actuellement le montant de cette subvention allouée à l’APS est de 400, millions de FCFA. La satisfaction de ce dernier point est le souhait du personnel, pour eux, elle permettra à l’agence de continuer à exister dans l’environnement médiatique en pleine mutation. " Jusqu’à présent APS ne propose pas de vidéos ou de photos, alors que ça doit être la norme maintenant. On est toujours à l’heure des simples dépêches " explique Bamba Kasse, le délégué du personnel à l’APS.
Mercredi, les délégués du personnel convoquent une assemblée Générale pour faire un bilan d’étape. La veille, ils ont été reçus par les autorités, le ministre de la communication et le directeur du budget. Au sortir de ces rencontres, les lignes n’ont pas bougé, rien de concret, mais des promesses.
" Pour l’instant nous n’avons rien de concret sur la table. Il y a des prémisses de solutions qui nous ont été annoncées. La situation qui prévaut actuellement a tellement duré dans le temps que nous ne pouvons pas nous contenter sur cette base seulement de lever un mot d’ordre qui a été entamé depuis le 06 Septembre. " déclare Bamba Kasse " Nous ne pouvons pas au vingtième jour de notre grève arrêter simplement sur la base d’une promesse. Nous voulons que l’état ou ceux qui sont en charge de cette question prennent leur responsabilité et de mettre quelque chose de concret sur la table."
Les autorités refusent pour le moment de s’exprimer sur la question. Mais dans un communiqué à l’issu du conseil des ministres de cette semaine, le Président Macky Sall a réitéré son intention de restructurer l’APS comme promis « Le Président de la République a terminé sa communication en réitérant au Gouvernement ses instructions relatives à l’accélération de la modernisation de l’Agence de Presse Sénégalaise (APS) et au renforcement de ses moyens ».
A l’unanimité l’assemblée générale de l’APS a décidé de reconduire le mot d’ordre de la grève jusqu’à vendredi. A cette date, si les doléances ne sont pas satisfaites une marche sera organiser la Semaine prochaine avec l’assembles des acteurs de la presse Sénégalaise à leur côté pour amplifier le combat.