Sénégal : le gouvernement se désolidarise d’un de ses ministres ayant qualifié les tirailleurs de « traitres »

Au cours d'une interview accordée la semaine passée, le ministre en charge de l’administration et de l’équipement à la présidence de la République s'était fendu d'une déclaration qui avait fait grand bruit.

Les tirailleurs sont des traîtres qui se sont battus contre leurs frères, dans leur pays, pour de l’argent.

Ces propos de Cheikh Oumar Diagne avaient provoqué un véritable tollé à Dakar. De nombreuses voix s'étaient élevées pour condamner ses dires, que ce soit sur les réseaux sociaux, ou au sein de la classe politique.

La réponse du gouvernement

Après quelques jours de silence, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye lui a répondu par la voix de son ministre Moustapha Njekk Sarré : "cette sortie était très malheureuse. Je suis en total déphasage avec ce que M. Diagne a dit. Je considère que ces tirailleurs sont des héros de la nation". Il a poursuivi, affirmant que " M. Diagne s'était lourdement trompé et que ces tirailleurs ne sauraient être considérés comme des traîtres".

Au micro de la radio RFM, l'historien Mamadou Fall a lui déclaré "qu'il y a eu des moments où la France leur a fait faire une sale besogne. Mais si on fait une moyenne générale et qu'on décrit la souffrance et l'héroïsme dont ils ont fait montre, ce serait injuste de leur donner ce qualificatif de traîtres".

Une année de commémoration.

Une déclaration d’autant plus surprenante qu’il y a à peine un mois, Bassirou Diomaye Faye avait organisé une grande cérémonie afin de rendre hommage à ces hommes. Le Sénégal commémore en effet cette année, les événements du 1er décembre 1944 du camp militaire de Thiaroye, près de Dakar. Les forces coloniales françaises avaient tiré sur des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, qui réclamaient alors le paiement de leur solde.

De nombreuses questions et zones d'ombres entourent encore ce drame, notamment l'identité des tirailleurs tués ainsi que l'endroit de leur inhumation. Les autorités françaises avaient reconnu la mort de 35 hommes, mais plusieurs historiens contestent cette version, affirmant que le nombre de victimes s'approcherait plus des 400.