Fil d'Ariane
Le site internet officiel de la présidence du Sénégal a de nouveau été temporairement bloqué dimanche après le lancement d'une cyberattaque revendiquée par un groupe se disant solidaire de la contestation contre le pouvoir.
Un homme brandit une pancarte sur laquelle on peut lire en wolof "Macky (Sall) tu ne participeras pas. Sonko tu participeras", lors d'une manifestation à Dakar, au Sénégal, le 12 mai 2023.
Les sites Internet de l'Etat sénégalais ont été touchés vendredi soir, le 26 mai, par une cyberattaque, dans un contexte de forte crispation politique à neuf mois de la présidentielle. Le lendemain matin, ces sites étaient à nouveau opérationnels.
Mais ce dimanche 28 mai, un compte @MysteriousTeamO se réclamant du groupe de pirates informatiques Anonymous a annoncé sur les réseaux sociaux une deuxième vague de l'attaque.
Inaccessible en début de journée, le site était à nouveau opérationnel en fin de matinée, a constaté l'AFP.
La présidence a été l'une des premières visées par l'attaque déclenchée vendredi contre des dizaines de sites officiels, dans un contexte de forte crispation à neuf mois de la présidentielle.
Il s'agit de l'une des toutes premières attaques du genre au Sénégal.
Le compte @MysteriousTeamO se réclamant du groupe de pirates informatiques Anonymous a revendiqué sur les réseaux sociaux avoir paralysé les sites de la présidence et ceux utilisant le domaine gouv.sn, comme celui du gouvernement ou des ministères des Forces armées et de la Santé.
@MysteriousTeamO se dit "solidaire" des citoyens sénégalais et de leur droit à choisir librement leur président.
Le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana a reconnu l'existence de l'attaque consistant à "submerger un réseau avec des quantités massives de trafic saturant la bande passante". L'organisme gérant le domaine a mobilisé ses équipes pour un retour à la normale "dans les plus brefs délais", a-t-il dit dans un communiqué.
Cette attaque intervient dans un climat politique tendu. L'opposition dénonce la répression grandissante exercée selon elle par le gouvernement du président Macky Sall. L'incertitude maintenue par ce dernier sur sa candidature ou non à un troisième mandat, ainsi que le sort politico-judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko alimentent les tensions.
Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle en 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, risque de perdre son éligibilité. Une chambre criminelle doit rendre le 1er juin un verdict très attendu dans un procès contre lui pour viols. Il a refusé de comparaître, criant au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle.
Retranché dans le sud du pays au moment du procès, Ousmane Sonko a entamé vendredi un retour à hauts risques à Dakar, un voyage de plusieurs centaines de kilomètres par la route dont il entend faire une "caravane de la liberté" et une démonstration de force.
Des heurts ont été rapportés par la presse entre ses sympathisants et les forces de sécurité autour de son arrivée à Kolda (sud), encore très loin de Dakar.
Le gouvernement réfute toute instrumentalisation de la justice et tout tour de vis répressif. Le camp présidentiel accuse Ousmane Sonko de se servir de la rue pour échapper à la justice.