La coalition au pouvoir au Sénégal a reconnu sa défaite face à l'opposition à Dakar, la capitale, et Ziguinchor, la plus grande ville du sud du pays, lors des élections municipales de dimanche.
Le coalition au pouvoir Bennoo Bokk Yaakaar a reconnu sa défaitedans deux des principales villes du pays par un simple communiqué.
"Dans l’ensemble, les tendances nationales donnent notre coalition largement gagnante dans plusieurs capitales régionales et départementales (...). Toutefois notre volonté de conquérir Dakar et Ziguinchor, en particulier, n'a pas été concluante", souligne le communiqué.
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La coalition au pouvoir au Sénégal a donc essuyé une cuisante défaite à Dakar et dans d'autres grandes villes lors des élections locales de dimanche ayant valeur de test avant les échéances nationales à venir, selon les résultats provisoires rapportés lundi par les médias.
La coalition d'opposition Yewwi Askan Wi ("Libérons le peuple" en wolof) a revendiqué la victoire dans la capitale et dans les grandes villes de Thiès (ouest) ou Ziguinchor (sud).
Barthémémy Dias annoncé vainqueur à Dakar
Pour Dakar et Ziguinchor, ce sont deux farouches adversaires du pouvoir, Barthélémy Dias et Ousmane Sonko - candidat déclaré à la présidentielle de 2024 - qui sont annoncés vainqueurs. Nombre de ministres du président Macky Sall ont été battus, à commencer par celui de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr dans la capitale.
Alioune Tine, directeur du laboratoire d'idées Afrikajom Center, parle à l'AFP de "débâcle (...) brutale mais prévisible" pour le pouvoir, au cours de ce scrutin combinant élection des maires et des présidents de conseil départemental. Il y a vu la prolongement de l'onde de choc des émeutes qui ont ébranlé le pouvoir en mars 2021 et revigoré l'opposition.
Environ plus de 6 millions de Sénégalais, sur une population de 17 millions, étaient appelés à départager 3.200 listes dans plus de 500 mairies et plus de 40 départements.
La consultation devait permettre de jauger la popularité de la coalition qui gouverne depuis 2012, cinq mois avant les législatives et deux ans avant la fin du second mandat du président Macky Sall.
Six millions de Sénégalais appelés aux urnes
Macky Sall, réélu en 2019, dirigeant écouté par la communauté internationale sur la crise au Sahel ou la question de la dette, maintient le flou sur ses intentions en 2024.
Une révision constitutionnelle approuvée en 2016 limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Des voix suggèrent que cette réforme pourrait avoir remis les compteurs à zéro, comme cela fut notamment le cas en Côte d'Ivoire pour Alassane Ouattara en 2020.
Le refus de voir Macky Sall briguer un troisième mandat a été l'un des slogans des manifestations de l'opposition en 2021.
Refus de l'opposition de voir Macky Sall briguer un troisème mandat
Les élections seront
"un bon baromètre avant les législatives pour voir si la mainmise du pouvoir sur les collectivités locales va s'éroder et entamer la toute puissance de la coalition au pouvoir, dont le moteur reste l'APR", l'Alliance pour la République, le parti du président, expliquait l'analyste politique Barka Ba.
Macky Sall est à présent appelé à nommer un Premier ministre, poste qu'il avait fait supprimer à la surprise générale après sa réélection en 2019 et dont il vient d'annoncer le rétablissement. Il fait face à une opposition vivifiée dont deux des figures, les nouveaux maires annoncés de Dakar et Ziguinchor, ont maille à partir avec la justice.