Sénégal : l'ex-Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré inculpé pour "fausses nouvelles"
L'opposant Soumaré a été placé en garde à vue le 9 mars et inculpé le 10 de diffusion de "fausses nouvelles et diffamation". Il a été relâché sous contrôle judiciaire par un juge de Dakar, a déclaré à l'AFP son avocat Mame Adama Guèye. Il avait interpellé le président Macky Sall sur un don de 12 millions d'euros à une "personnalité politique française".
Cheikh Hadjibou Soumaré a été ministre du Budget puis Premier ministre de 2007 à 2009 sous le président Abdoulaye Wade (2000-2012), et il a également présidé la Commission de l'union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). (image d'archive AFP video)
Cheikh Hadjibou Soumaré a été ministre du Budget puis Premier ministre de 2007 à 2009 sous le président Abdoulaye Wade (2000-2012), et il a également présidé la Commission de l'union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
L'opposant Soumaré a interpellé dans une lettre ouverte le président Sall sur la véracité ou non d'un don de "12 millions d'euros, soit 7,9 milliards de FCFA" à une "personnalité politique française" dont le parti se distingue "par la haine et le rejet de l'autre", sans citer de nom.
Le président Macky Sall a en effet reçu le 18 janvier la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen.
Le Sénégal est un pays ami, avec qui nous devons renforcer nos relations. C’est ce que je suis venue dire aux Sénégalais et à son Président, Macky Sall, avec qui j’ai eu l’honneur d'échanger sur les relations entre nos deux pays et sur la place de l'Afrique dans le monde. pic.twitter.com/yGCVBSKhK6
Cheikh Soumaré ne l'a pas nommée pas dans sa lettre. Mais le gouvernement sénégalais a, lui, donné son nom en démentant tout don en sa faveur dans un communiqué publié le 7 mars.
Cheikh Soumaré avait aussi demandé au président sénégalais s'il entendait reporter la présidentielle de 2024.
Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, reste muet sur ses intentions de passer outre ou non à des objections constitutionnelles et de briguer un troisième mandat en 2024.
L'une des obligations de son contrôle judiciaire est de ne pas s'exprimer publiquement sur son dossier, a dit l'ex-ministre Soumaré dans une brève déclaration à des journalistes.
Deux journalistes ont été inculpés pour diffusion de fausses nouvelles depuis novembre. L'un d'eux a depuis été relâché et placé sous contrôle judiciaire.
Des opposants au président Sall et des défenseurs des droits dénoncent un recul des libertés accru à l'approche de la présidentielle de février 2024, avec redoublement des arrestations, interdiction des manifestations, mesures coercitives contre la presse et instrumentalisation de la justice.
Le gouvernement réfute toute régression et invoque une juste application de la loi dans un pays qui est volontiers présenté comme un Etat de droit.