Fil d'Ariane
L'opposant sénégalais Ousmane Sonko est sorti de son silence dans la nuit de lundi 29 à mardi 30 mai. Il se dit "séquestré" par les forces de sécurité et appelle ses compatriotes à se lever "comme un seul homme".
Les partisans du chef de l'opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, descendent dans les rues de Dakar, le 14 mars 2023.
"J'appelle tous les Sénégalais à sortir massivement ", a exhorté sur les réseaux sociaux, Ousmane Sonko. Que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple." Il a évoqué la nécessité d'un "sursaut national" et d'un "mouvement de résistance national" au nom de la défense de la démocratie et des libertés.
En outre, il a déclaré dans la nuit être "séquestré". "Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, on peut séquestrer un citoyen qui n'a de tort que d'être un opposant ferme et farouche au régime (du président) Macky Sall, sans aucun sous-bassement judiciaire", a-t-il demandé.
Sur Twitter, il a évoqué les conditions de son arrestation. " Les gendarmes qui ont intercepté mon véhicule l'ont fouillé systématiquement devant nous et y ont trouvé et illégalement confisqué : mon sac contenant mon arme et l'autorisation de port d'arme y afférente, quatre téléphones portables m'appartenant, dont deux que je n'utilise pas encore, mon ordinateur portable, mes habits, de l'argent, entre autres. Dieu Seul sait ce que le régime est capable d'introduire dans mes biens illégalement saisis ainsi que d'autres effets personnels contenus dans mon sac de voyage et je dégage toute responsabilité par rapport à cela. "
De son côté, le gouvernement, par la voix du porte-parole, Abdou Karim Fofana, dénonce le "mensonge" de l'opposant. "Il a annoncé sa marche sur Dakar malgré les morts et les pertes économiques causés par ses appels irresponsables à l’insurrection, l’Etat dans sa fermeté habituelle l’a contraint à rentrer à son domicile pour faire cesser les troubles à l’ordre public dont il est à l’origine. Malheureusement, il adapte toujours son discours pour essayer de montrer qu’il n’a pas subi la fermeté de l’Etat et que son retour à Dakar est le fait de sa propre volonté…"
Son appel survient dans un climat de tension grandissante à moins d'un an de la présidentielle et à l'approche d'un verdict attendu, jeudi 1er mai, dans une retentissante affaire de viols présumés le mettant en cause. Plusieurs quartiers de Dakar ont été le théâtre, lundi 29 mai, de heurts entre jeunes supporteurs de l’opposant et forces de l'ordre. Aucun bilan humain n'a été communiqué.
Le chef du parti Pastef - Les Patriotes, populaire parmi les jeunes et engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir, est candidat déclaré à la présidentielle de 2024. Il est néanmoins menacé d'inéligibilité par deux affaires judiciaires. Celui qui est arrivé troisième de la présidentielle de 2019, est notamment accusé de viols dans l'une d'elles. Il a toujours nié les faits et crié au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle.
Absent à son procès et retranché dans son fief, à Ziguinchor, Ousmane Sonko a été interpellé, dimanche 28 mai, sur la route du retour et ramené de force à Dakar. Les forces de sécurité bloquent les accès à son domicile. Il était resté silencieux depuis dimanche matin.