Sénégal : l’opposant Ousmane Sonko quitte Ziguinchor direction Dakar

L'opposant sénégalais Ousmane Sonko a entrepris son voyage de retour à Dakar. Le candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et menacé d'inéligibilité entame ce déplacement à risques, dans un contexte de bras de fer avec le pouvoir.

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ousmane soko à ziguinchor le 24 mai 2023

Le leader de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko lance un appel à ses soutiens et annonce qu'il compte retourner à Dakar, la capitale, afin de "déloger du palais" le président en place Macky Sall. Ziguinchor, Sénégal - 24 mai 2023.

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Un long convoi de voitures est parti du domicile d’Ousmane Sonko situé Ziguinchor (sud), a constaté vendredi 26 mai un correspondant de l'AFP sur place. Des images diffusées en direct sur les réseaux sociaux ont ensuite montré le cortège progressant à quelques dizaines de kilomètres de là, du côté de Goudomp. Ousmane Sonko y apparait juché en chemise sur un véhicule rehaussé du drapeau sénégalais, et des grappes de jeunes enthousiastes courant derrière.

Les quelque 500 kilomètres entre Ziguinchor et Dakar peuvent se couvrir en plus ou moins neuf heures en passant par la Gambie. Mais Ousmane Sonko devrait contourner la Gambie et allonger son trajet d'environ 350 km. Le porte-parole de son parti, Ousseynou Ly, a dit ne pouvoir préciser quand M. Sonko arriverait à Dakar. Il a dit vouloir transformer son retour à Dakar en "caravane de la liberté".

Il risque l'inéligibilité

C'est un nouvel acte de défiance à l'encontre du pouvoir de la part de l’opposant sénégalais. Il y a quelques jours, il avait déjà refusé de comparaître devant un tribunal pour être jugé pour viols. Il est resté reclus plusieurs jours chez lui à Ziguinchor, dont il est le maire. Sa villa étroitement gardée par des jeunes résolus à parer une éventuelle tentative d'arrestation.

M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes, troisième de la présidentielle en 2019, personnalité clivante mais populaire chez les moins de 20 ans, dénonce son procès comme un complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle. Le gouvernement dément toute instrumentalisation de la justice et évoque une affaire privée. 

S’il est reconnu coupable, Ousmane Sonko risque de perdre son éligibilité, déjà compromise par une condamnation à six mois avec sursis pour diffamation contre un ministre. La chambre criminelle qui a siégé en son absence mardi doit rendre son verdict le 1er juin, et la tension monte à l'approche de cette échéance.

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"L'ordre public sera maintenu"

La mobilisation de ses supporteurs, à l'occasion de ses rendez-vous avec la justice notamment, a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles, y compris mortels. Le gouvernement sénégalais a promis jeudi 25 mai la fermeté contre toute tentative de troubles à l'ordre public en marge du retour d’Ousmane Sonko à Dakar. 

Qu'il veuille marcher sur Dakar, ce n'est pas un problème (...) s'il respecte les lois et les règlements

"Quoi qu'il en coûte, l'ordre public sera maintenu", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana. "Nous ne laisserons personne, personne, troubler l'ordre public et la quiétude des Sénégalais", a-t-il ajouté. "Qu'il veuille marcher sur Dakar, ce n'est pas un problème (...) s'il respecte les lois et les règlements", a expliqué M. Fofana.