Sénégal : l'opposant Ousmane Sonko a "suspendu" sa grève de la faim

L'opposant sénégalais Ousmane Sonko, détenu depuis fin juillet sous divers chefs d'inculpation dont appel à l'insurrection, a "suspendu" samedi sa grève de la faim entamée depuis plus d'un mois, a annoncé un porte-parole de son parti.

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Ousmane Sonko le 8 mars 2021 à Dakar

L'opposant sénégalais Ousmane Sonko (ici en mars 2021 à Dakar) est sous le coup de plusieurs procédures judiciaires.

REUTERS/Cooper Inveen
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Ousmane Sonko, dont le rapport de force avec le pouvoir et la justice tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, avait annoncé avoir entamé une grève de la faim le 30 juillet.

"Face à tant de haine, de mensonges, d’oppression, de persécution, j’ai décidé de résister. J’observe à compter de ce dimanche une grève de la faim. J’invite tous les détenus politiques à en faire de même" avait tweeté le leader de l'opposition, qui est hospitalisé à Dakar depuis le 6 août. 

Plusieurs appels, émanant notamment de chefs religieux très influents au Sénégal, un pays majoritairement musulman, ont été lancés ces derniers jours pour qu'il arrête sa grève de la faim alors que ses militants et sympathisants réclamaient sa libération.

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"Ousmane Sonko vient de suspendre sa grève de la faim", a annoncé le responsable de la communication du parti de M. Sonko, El Hadji Malick Ndiaye, dans un message publié sur sa page Facebook et sur X (anciennement Twitter), transmis également samedi matin et sans plus de détails sur les circonstances de cette décision.

Des gens ont pu lui parler et il a décidé de suspendre la grève de la faim Général Serigne Mountakha Mbacké, le chef de la confrérie musulmane des mourides
Ousmane Sonko "a accédé à la demande du khalife" général Serigne Mountakha Mbacké, le chef de la puissante confrérie musulmane des mourides, a affirmé samedi à l'AFP un membre de son entourage. "Des gens ont pu lui parler et il a décidé de suspendre la grève de la faim", a-t-il ajouté. 
 

Le 22 août, le khalife des mourides avait reçu à Touban dans le centre du pays, une délégation de la coalition à laquelle appartient M. Sonko. Il lui avait demandé de transmettre à l'opposant un appel pour qu'il recommence à s'alimenter, tout en lui faisant envoyer des dattes, avait indiqué à l'AFP une membre de cette délégation.

Ces derniers jours, les avocats de M. Sonko ont lancé plusieurs alertes sur la dégradation de son état de santé. Ils ont annoncé que la vie de leur client, "admis en réanimation" dans un hôpital de Dakar depuis le 17 août, était "en péril" et invité l'Etat "à prendre en urgence toutes mesures nécessaires pour éviter la survenance d'un drame", dans un communiqué transmis à l'AFP dans la nuit de vendredi à samedi. 

Ousmane Sonko, candidat à l'élection présidentielle de 2024, a été déclaré coupable le 1er juin dernier de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès qu'il dénonçait comme un complot pour l'écarter de la présidentielle, il a été condamné par contumace.

(Re)lire → Sénégal : l'avenir politique d'Ousmane Sonko, en détention, de plus en plus flou

Il a depuis été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État. Les autorités mettent en cause sa responsabilité dans une série d'épisodes de contestation auxquels son bras de fer avec le pouvoir et ses démêlés avec la justice ont donné lieu depuis 2021 - le plus grave en juin - et qui ont fait plusieurs morts.

Les avocats de M. Sonko soutiennent que, leur client ayant été arrêté depuis sa condamnation, il doit être rejugé. Ils invoquent les textes en vigueur sur la contumace.

Dans un entretien en ligne publié mercredi par le magazine Jeune Afrique, le ministre sénégalais de la Justice Ismaïla Madior Fall a déclaré que la condamnation de l'opposant dans une affaire de moeurs était "définitive", ce qui le rend inéligible pour la présidentielle de 2024.