Sénégal : Macky Sall veut enquêter sur les violences après la condamnation d'Ousmane Sonko

Le président sénégalais demande l’ouverture de plusieurs enquêtes après les troubles survenus dans le pays après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour “corruption de la jeunesse”. Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait au moins 16 morts. Macky Sall s'exprimera à la nation à l'issue d'un Dialogue national lancé le 31 mai.

Image
sénégal président macky sall conseil des ministres 07062023

Le président du Sénégal Macky Sall lors du conseil des ministres du mercredi 7 juin 2023 au cours duquel il a demandé au gouvernement d'enquêter sur les violences perpétrées dans le pays après la condamnation de Ousmane Sonko. 

Présidence du Sénégal
Partager2 minutes de lecture

Le pouvoir sénégalais annonce l’ouverture de plusieurs "enquêtes judiciaires immédiates" après les émeutes survenues dans le pays ces derniers jours. Dans un communiqué publié mercredi 7 juin, la présidence du Sénégal annonce que “le président de la République a demandé au gouvernement de préparer un mémorandum complet sur les décès, actes de vandalisme et défiance vis-à-vis de l’État perpétrés à l’occasion de ces manifestations.

Le communiqué précise que “le président de la République a aussi invité le gouvernement à faire un bilan exhaustif des pertes économiques et des dégâts matériels causés pour avoir une évaluation exacte des préjudices subis”. 

Le président Macky Sall a annoncé qu'il s'adressera à la Nation à l'issue du dialogue national "pour partager les conclusions et donner les grandes orientations qui permettront la consolidation de notre modèle démocratique et républicain". Lancé le 31 mai, ce dialogue national voit la participation de l'ex-maire de Dakar Khalifa Sall et le PDS de Karim Wade, mais pas le chef de l'opposition d'Ousmane Sonko et la coalition F24. 

16 personnes tuées

Selon les informations du gouvernement, ces enquêtes visent à "faire la lumière sur les responsabilités liées à ces évènements" qui se sont produits entre le 1er et le 3 juin à Dakar et en province dans le sillage de la condamnation de Ousmane Sonko, fervent opposant au président sénégalais Macky Sall. 

Impliqué dans une affaire de mœurs, acccusé de viols par une jeune femme, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour “corruption de la jeunesse”. La condamnation a suscité des heurts qui ont fait au moins 16 morts et des dégâts considérables. Elle a donné lieu à des manifestations à l'étranger.

Senegal manifestations
Les partisans du chef de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko descendent dans les rues de Dakar mardi 14 mars 2023.
(AP Photo/Sylvain Cherkaoui)

Macky Sall veut “protéger la Nation et l'État"

Le président Macky Sall a demandé au gouvernement de prendre les dispositions pour assister "les personnes et entités ayant subi des préjudices" et a réitéré "sa détermination à protéger la Nation et l'État", dans ce pays ouest-africain, îlot de stabilité dans une région troublée, selon le communiqué.

Dans ce contexte, le gouvernement condamne ces "agressions extrêmement graves contre l'État, la République et les institutions" dont "l'objectif était sans aucun doute de semer la terreur et de mettre à l'arrêt notre pays".

Le pouvoir et l'opposition s'accusent mutuellement

Le Sénégal a connu entre le 1er et le 3 juin ses pires troubles depuis des années après la condamnation à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs.

Cette condamnation d'une personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés le rend en l'état actuel inéligible pour la présidentielle de 2024. De son côté, Ousmane Sonko n'a cessé de crier au complot du pouvoir pour l'écarter de l'élection, ce que le pouvoir réfute.

ousmane soko à ziguinchor le 24 mai 2023

Le leader de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko lance un appel à ses soutiens et annonce qu'il compte retourner à Dakar, la capitale, afin de "déloger du palais" le président en place Macky Sall. Ziguinchor, Sénégal - 24 mai 2023.

AFPTV

Le pouvoir et l'opposition se sont rejeté la faute des violences. Le camp présidentiel a invoqué les appels à "l'insurrection" lancés selon lui par M. Sonko pour échapper à la justice. Il a dénoncé les troubles comme une entreprise de déstabilisation de l'État.