Des manifestations violentes ont éclaté ce 15 mai dans plusieurs universités du Sénégal après la mort d'un étudiant au cours de heurts avec les forces de l'ordre à Saint-Louis (nord), où des gendarmes ont été blessés et des édifices publics saccagés.
"Un étudiant est décédé" mardi à l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis lors d'
"échauffourées" avec les forces de l'ordre qui ont
"fait une vingtaine de blessés, dont 18 gendarmes", a déclaré à la radio le ministre de l'Intérieur, Ali Ngouye Ndiaye.
Une autopsie a été ordonnée pour déterminer les cause du décès, selon les autorités.
Etudiant en lettre, Mouhamadou Fallou Sène, 25 ans,
"a succombé à ses blessures" à la suite de ces
"affrontements entre les forces de l'ordre et les étudiants dans le campus", a précisé le rectorat de l'UGB dans un communiqué.
"C'est avec une profonde émotion que je présente mes condoléances à la famille du défunt Mohamed Fallou Sène, étudiant de l'UGB", a réagi dans la soirée sur Twitter le président sénégalais Macky Sall.
J'ai instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités. Une information judiciaire a été immédiatement ouverte Macky Sall, président sénégalais
Etudiant tué "par balle" ?
Les autorités avaient fait appel lundi aux forces de l'ordre
"pour sécuriser les restaurants universitaires" après
"un mot d'ordre de 48 heures de restauration gratuite (Journées sans tickets)" lancé par l'association des étudiants de l'UGB "pour protester contre le retard du paiement des bourses", selon le rectorat de la deuxième université du pays.
L'étudiant de Saint-Louis a été tué
"par balle", ont affirmé à l'AFP des sources estudiantines, selon lesquelles
"plus de 20 étudiants" ont été blessés à Saint-Louis dans les violences avec les gendarmes.
"Nous regrettons cet incident survenu à Saint Louis", a précisé le ministre de l'Intérieur, qui a annoncé l'ouverture d'enquêtes
"pour situer les différentes responsabilités" et indiqué que les bourses seraient payées aux étudiants.
Un syndicat de l'enseignement supérieur a appelé mercredi soir à la démission du recteur de l'université de Saint-Louis. "Ici au Sénégal, les libertés sont bafouées, les étudiants ne sont pas respectés. Tu es étudiant, tu n'oses même pas le dire, ici au Sénégal", a déclaré Mountaga Pouille, étudiant à l'université de Cheikh Anta Diop.
Ils sont prêt à nous tuer, donc nous, nous prenons ce que la constitution nous a donné qui est tout simplement le droit à la grève, et nous allons occuper les rues, nous allons bloquer le système, jusqu'à ce que tout celà se termine parce que nous en avons ras le bol.Mountaga Pouille, étudiant sénégalais
Manifestations et violences à Dakar, Bambey et Ziguinchor
Après la mort d'un des leurs, des étudiants ont mis à sac le bâtiment abritant la direction des oeuvres universitaires et le siège du rectorat de l'UGB, selon l'AFP. Dans l'université, divers débris jonchaient le sol au milieu de documents administratifs vandalisés, de portes et vitres brisées, après le passage des étudiants. En signe de solidarité, des étudiants ont manifesté dans au moins quatre des cinq universités publiques du Sénégal, à Ziguinchor (sud), Bambey (centre) et Dakar, selon la presse locale.
A Dakar, de petites barricades de blocs de pierre et de branchages étaient tenues par quelques centaines d'étudiants, dont certains étaient armés de bâtons ou de barre de fer, sur les chaussées menant à l'Université Cheikh Anta Diop, où une forte odeur de gaz lacrymogène était perceptible.
Des étudiants ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, mais aussi sur des voitures passant à proximité, brisant plusieurs pare-brise et occasionnant un gigantesque bouchon sur l'un des principaux axes pour quitter le centre-ville. Selon les médias sénégalais, des véhicules ont également été incendiés et un commandant de police blessé dans la capitale sénégalaise.
Dénonciation d'un usage excessif de la force
La Ligue sénégalaise des droits humains, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme et Amnesty International Sénégal ont, dans un communiqué commun, "condamné l'usage excessif de la force par les forces de sécurité".
Les trois ONG ont déploré les "retards récurrents dans le paiement des bourses", "principale cause de la violence dans les universités".
Les deux derniers cas de décès d'étudiants tués au Sénégal lors de confrontations avec les forces de l'ordre remontaient à 2001 et 2014.
Les étudiants de ce pays, avant de percevoir leurs bourses, inhalent d'abord du gaz ou perdent la vieMessage sur Whatsapp d'un étudiant en colère