Fil d'Ariane
Quinze des vingt candidats retenus en janvier pour l'élection présidentielle sénégalaise réclament que l'élection ait lieu, au plus tard, le 2 avril, date de la fin officielle du mandat de Macky Sall.
Des partisans du collectif d'opposition Aar Sunu Election manifestent à Dakar, le 17 février 2024.
Les Sénégalais, qui devaient voter dimanche 25 février, ignorent quand ils se rendront aux urnes. Ils sont suspendus à une séquence inédite depuis l'indépendance. Le président sortant, Macky Sall, a décrété le report de l'élection tandis que le Conseil constitutionnel a invalidé sa décision.
Cet enchaînement a déclenché une nouvelle et vive querelle sur la tenue de la présidentielle avant ou après le 2 avril, expiration officielle du mandat de Macky Sall. La dispute porte aussi sur une reprise à zéro, ou non, du processus qui a vu le Conseil constitutionnel homologuer 20 candidatures en janvier.
Liste intangible
Les noms de quinze des vingt concurrents alors retenus figurent au bas d'un communiqué indiquant que "la nouvelle date du scrutin de même que celle de la passation de service entre le président et son successeur doivent se tenir au plus tard le 2 avril". Deux des signataires ont authentifié le document. Les candidats assurent que la liste des vingt candidatures entérinées en janvier est intangible.
Vendredi 16 février, Macky Sall a partagé son intention de respecter la décision du Conseil constitutionnel et de mener "sans tarder les consultations nécessaires pour l'organisation de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais".La présidence est restée muette jusqu'alors sur l'ouverture éventuelle de discussions.
Les candidats constatent "avec amertume que depuis la décision du Conseil constitutionnel aucun acte n'a été posé par les autorités dans le sens d'exécuter celle-ci."
Le texte porte les noms de certains des principaux concurrents, dont l'ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et le candidat anti-système, Bassirou Diomaye Faye. Il ne comporte pas celui du Premier ministre, Amadou Ba, candidat du camp présidentiel, ni des ex-chefs de gouvernement, Idrissa Seck et Mahammed Boun Abdallah Dionne.
L'une des deux candidates retenues par le Conseil constitutionnel en est également absente. Gynécologue active auprès de la société civile, Rose Wardini a annoncé, le 19 février, devant la presse, se retirer de la course en raison d'informations sur sa double nationalité franco-sénégalaise. La Constitution exige une citoyenneté exclusivement sénégalaise pour concourir à la présidentielle.
Rose Wardini a réclamé, en outre, que le scrutin ait lieu avant le 2 avril.
Karim Wade, ancien ministre et fils de l'ex-président, Abdoulaye Wade, a été disqualifié par la Cour constitutionnelle en raison de sa double nationalité française et sénégalaise. Ses contestations et ses accusations de corruption contre deux juges de la Cour constitutionnelle ont servi au camp présidentiel à justifier le report de l'élection.
Le camp présidentiel et celui d’Abdoulaye Wade se sont alliés à l'Assemblée nationale pour voter l'ajournement de l'élection au 15 décembre. Avec l'invalidation du report par la Cour constitutionnelle, la candidature de ce dernier paraît fortement compromise.
La coalition qui le soutient a paru, le 19 février, placer ses espoirs dans la concertation promise par le président Sall et ne pas renoncer à une éventuelle victoire.
Elle entend "participer pleinement au dialogue national" qui doit se tenir "sans délai", a fait savoir, devant la presse, Amadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire des élus pro-Wade.
Il a affirmé que le potentiel candidat Wade, qui vit en exil depuis plusieurs années, rentrerait bientôt au Sénégal. Il a demandé à ses partisans de lui réserver "un accueil populaire sans précédent" en vue de sa "brillante victoire" à la présidentielle.