Sénégal: verdict attendu dans le procès pour viols de l’opposant Ousmane Sonko

Les Sénégalais devraient connaître ce jeudi premier juin le sort réservé par les juges à l'opposant Ousmane Sonko accusé de viols. C'est un moment capital dans une affaire qui captive l'opinion et fait monter la tension en vue de la présidentielle de 2024.

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Manifestation de partisans d'Ousmane Sonko

Des partisans d'Ousmane Sonko manifestent contre un troisième mandat de Macky Sall ce 12 mai 2023 dans Dakar.

AP
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Une chambre criminelle de Dakar devrait dire, sauf report, si elle reconnaît Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et adversaire le plus rétif du président Macky Sall, coupable ou non de viols commis entre 2020 et 2021 sur une masseuse d'un salon de beauté de la capitale, et de menaces de mort.


Le procureur a requis contre le troisième de la présidentielle de 2019 et président du parti Pastef dix ans de réclusion pour viols, ou au minimum cinq ans de prison pour "corruption de la jeunesse.

Ousmane Sonko, qui n'a pas assisté au procès et s'était retranché dans le sud du pays, n'a cessé de protester de son innocence et de crier à un complot ourdi par le président. Ce dernier s'en défend.

L'enjeu est autant criminel que politique. Ousmane Sonko, 48 ans, risque de perdre son éligibilité, déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre.

Depuis février 2021 que l'affaire de viols présumés défraie la chronique, Ousmane Sonko est engagé dans ce que certains appellent un Mortal Kombat, du nom d'un jeu vidéo, pour sa survie judiciaire et politique et contre le président Sall.

Lire : Affaire Adji Sarr : "Une culture du viol de plus en plus légitimée"

Une vingtaine de civils ont été tués depuis 2021 dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de Ousmane Sonko s'en rejettent la faute.

Le Sénégal, rare pôle de stabilité dans une région troublée sans être pour autant étranger au tumulte politique, a connu de nouveaux affrontements entre supporteurs d'Ousmane Sonko et forces de sécurité autour de son procès puis de son retour du sud du pays vers Dakar vendredi.

Ousmane Sonko a drainé des foules de jeunes. Mais il a été interpellé dimanche et ramené de force chez lui dans la capitale où il est bloqué par un déploiement policier massif. Les forces de sécurité ont repoussé depuis, à coups de lacrymogènes voire d'interpellations, toute tentative de l'approcher.

Aux premières heures mardi, il s'est déclaré "séquestré" et a appelé les Sénégalais à manifester "massivement".

Des jeunes ont attaqué les maisons de membres du camp présidentiel et se sont livrés à des saccages. Des représailles ont été conduites contre les biens de membres de l'opposition et du parti d'Ousmane Sonko.

 Lendemains incertains

Les dégâts sont très éloignés de ce qu'ils avaient été en 2021 peu après qu'eut éclaté le scandale, quand Ousmane Sonko avait été interpellé sur le chemin du tribunal où il se rendait en cortège à la convocation du juge.

Le discours souverainiste et panafricaniste d'Ousmane Sonko, ses diatribes contre "la mafia d’État", les multinationales et l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française lui valent une forte adhésion chez les moins de 20 ans.

Ces derniers représentent la moitié de la population et ont faim de travail et de perspectives.

Le camp présidentiel accuse Ousmane Sonko de se servir de la rue pour une affaire privée, et de nourrir un projet insurrectionnel.

Le président Sall a promis mercredi 31 mai la fermeté face aux violences en ouvrant un "dialogue national" censé atténuer ces tensions.

En dehors du sort de Ousmane Sonko, un autre facteur de division est le flou entretenu par le président Sall sur sa candidature ou non à un troisième mandat.

Les lendemains du verdict contre Ousmane Sonko baignent dans l'incertitude. On ignore si la justice ferait arrêter l'opposant aussitôt en cas de condamnation et si celui-ci parviendrait à mobiliser les foules. Les autorités ont procédé à des centaines d'interpellations parmi ses partisans ces derniers mois.

Le "dialogue" initié par le président a toutefois enfoncé un coin dans le front de l'opposition. Et un certain nombre de Sénégalais expriment leur lassitude d'un feuilleton à rebondissements qui fige régulièrement l'activité.

 

               

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